11 - Miracle améthyste

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ce texte a été écrit d'une seule traite et plutôt tard donc hum, pardon si l'histoire est étrange?
(ne faites pas trop attention au titre aussi svp TT)
(j'espère que ça vous plaira un peu quand même–)

#Rainy

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Louisa était nerveuse et c'était sûrement l'euphémisme du siècle. Ses doigts fins se pliaient et se détendaient régulièrement tandis qu'elle continuait de mordre sa lèvre inférieure.
La jeune femme fit craquer ses phalanges une énième fois – geste un peu trop bruyant à son goût, mais elle avait besoin d'extérioriser. 

Alcott en avait connu des situations gênantes tout au long de sa "carrière" en tant que stratège de Monsieur Fitzgerald, mais rien n'égalait ce qu'elle ressentait en cet instant précis.

La jeune femme avait levé la tête quelques secondes plus tôt pour se retrouver plongée dans le regard améthyste d'une personne qu'elle connaissait un peu trop bien, faute d'avoir vu son nom et son image sur les rapports qu'elle écrivait pour son employeur.
Fyodor Dostoïevski. 

Louisa déglutit : se retrouver face à l'un des hommes les plus dangereux et recherchés du Japon n'était très certainement pas une bonne chose.
Surtout dans un endroit aussi embarrassant qu'était une librairie. Non pas qu'elle considérât ce lieu comme honteux, mais elle était très attachée à cet endroit, suffisamment pour qu'il en devienne personnel, rempli de ses souvenirs.

Raison de plus pour laquelle croiser le regard de l'ennemi numéro un du Japon était une chose très peu recommandée. 
Heureusement pour elle, aucune étincelle de reconnaissance ne sembla traverser les pupilles améthystes de l'homme en face d'elle et Louisa pensa pendant une petite seconde qu'elle était tirée d'affaire.
Grosse erreur.
Au moment même où elle murmurait une vague excuse, baissait la tête et esquissait un premier pas sur le côté pour fuir à toute vitesse, une main vint se poser sur son bras.

La jeune femme se figea, tétanisée, tandis que des ondes de peur se répandaient à travers son corps.
- Oui ? bredouilla-t-elle en essayant de ne pas avoir l'air d'une souris prise au piège, mais au vu du sourire de Fyodor, elle sut que c'était raté.
- Que fait donc ici une membre si précieuse de la Guilde ? murmura-t-il, et un frisson remonta le long de son échine.
- Comme- Comme tout le monde je suppose. Des achats pour Noël, ajouta-t-elle faiblement devant le manque de réaction de Fyodor.

Rien de bon ne pourrait sortir de cette conversation.
Louisa se racla la gorge et tenta de reprendre contrôle de la situation tout en faisant un pas de plus vers la caisse.
- Et vous ? finit-elle par demander malgré le fait que cette question semblait horriblement fausse.
- Qu'est-ce qui vous amène ici ? Ne me dites pas que c'est pour moi, je ne vous croirai pas. Je ne suis pas une pièce maîtresse de votre échiquier, soyez-en certain.
- Et comment pouvez-vous affirmer cela ? chantonna le brun en guise de réponse, mais un étrange éclair d'honnêteté traversa les prunelles du jeune homme au même moment.

Noël approchait à grands pas, et Louisa commençait sérieusement à penser que des choses plus improbables les unes que les autres se produisaient.
Elle rencontrant Dostoïevski dans sa librairie favorite - et encore, elle croyait peu au destin - elle discutant tout simplement avec lui, ou alors juste le fait que Fyodor ait été honnête.
Le monde ne tournait plus rond.

- Un peu de sincérité vous effraie ? sourit le jeune homme, et Louisa expira doucement par le nez dans l'espoir de calmer ses nerfs.
- Disons que c'est étonnant de votre part. Vous connaissez votre réputation.

Elle était sur le point de se dégager et de fuir le plus loin possible quand une pensée l'en empêcha. C'était une rare occasion de faire parler le détenteur de pouvoir : même si ce dernier pouvait la tuer en un clin d'oeil, elle espérait au moins qu'il aurait le bon sens de ne pas le faire dans un lieu où il y avait d'éventuels témoins.

- Puisque vous semblez si porté sur-
Louisa se racla nerveusement la gorge avant de repousser ses lunettes sur le haut de son nez.
- Sur l'honnêteté et la sincérité, que faites-vous ici ?

Fyodor sourit et désigna d'une main le paquet de livres qu'elle tenait suivi des quelques livres qu'il avait coincés sous son bras.
- Comme vous j'imagine. Les livres commençaient à me manquer. Relire encore et encore les mêmes choses perd de son intérêt au bout d'un moment.

La jeune femme hocha silencieusement la tête, essayant de démêler le vrai du faux dans les paroles de Dostoïevski.
Malgré ses airs de grande timide, maladroite sur les bords, Louisa disposait de capacités d'analyse et de réflexion plus développées qu'elle ne voulait le laisser croire.
Et étonnamment, elle ne détectait aucune entourloupe derrière le ton de l'homme.

Cela ne l'empêcha pas pour autant de resserrer sa prise sur le sac de livres qu'elle tenait, toujours prête à déguerpir au moindre mouvement suspect.
Fyodor eut un sourire indulgent et il s'avança d'un pas vers elle.
Louisa saisit aussitôt le premier livre qui lui tomba sous la main et elle le pointa sous le nez du jeune homme.

Son cœur résonnait dans ses oreilles, et la panique grandissait entre ses côtes, surtout lorsqu'elle remarqua les regards curieux que les gens commençaient à porter sur eux.
Les yeux améthystes de Fyodor descendirent lentement pour tomber sur la couverture du livre intitulé "Ces jours mémorables".

- Je ne suis pas totalement crédule, murmura-t-elle entre ses dents avec toute la force qu'elle put trouver. Je ne sais pas à quoi vous jouez, mais une chose est certaine : parlezrde livres avec vous serait peut-être agréable, mais je ne suis pas dupe.

Toute sa force mentale était passée dans cette tirade et elle essaya de ne pas le montrer.
A sa grande surprise, Fyodor émit simplement un rire amusé.
- Les miracles de Noël existent donc bien ! Je crois que c'est l'une des découvertes les plus brillantes de ma journée.

Il plongea ses prunelles dans les siennes, et elle fit appel à toute sa force physique et psychique pour ne pas ciller.
- Vous êtes certes une petite femme, mais je crois que vous êtes l'une des plus admirables que j'ai eu l'occasion de côtoyer.

Louisa était interdite face à l'aveu du brun, ne sachant trop quoi penser, alors elle se contenta de lui tendre sans un mot le livre qu'elle maintenait sous sa gorge. Dans le même silence, Dostoïevski l'accepta, un étrange sourire sur les lèvres.

L'existence même des miracles de Noël venait d'être prouvée.

FSA's Christmas Calendar IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant