Canem: Et si la fin était différente

La plage

Le soleil commençait à tomber et les couleurs du crépuscule se mélangeaient aux couleurs de l'océan. Sanem était assise au bord de la mer laissant les vagues caresser ses jambes, tout paraissait si paisible. Elle était plongée dans ses pensées et se remémorait tous ses moments difficiles où son cœur avait été brisé... Elle ne pouvait plus se permettre de croire ou d'espérer qu'il se rappelle d'elle... elle ne le supportait plus ... ne plus voir son reflet dans le regard de Can était pour elle comme la sensation que son âme avait disparue.

Comment en vouloir à Can, l'accident n'était en rien sa faute... s'agissait-il du destin ? ... leurs âmes étaient-elle maudites? ... Interdites d'être ensemble ? Pourquoi n'avait-il oublié qu'elle ?

Elle arrivait à se soulager en se rappelant qu'il était toujours en vie avec un cœur qui battait. Elle pouvait supporter de ne plus l'avoir à ses côtés mais elle ne pourrait continuer à vivre dans un monde où son albatros ne volerait plus... Ce n'était pas la fin qu'elle avait tant espérée.

Se retrouver avec lui sur cette plage lui rappelait tant de souvenirs... leur première nuit dans le hamac... la première promenade où ils s'assirent tous les deux, partageant son rêve de Galápagos, sa passion des oiseaux .... Leur déclaration... Leurs rêves d'évasion ensemble... Il fallait qu'elle parle à Can ce soir ... Il fallait qu'elle profite de ce moment où ils étaient seuls, isolés du reste du monde... il fallait qu'elle le libère... que son albatros puisse à nouveau voler...

Emre était venu la voir il y a quelques jours et lui avait fait part des propos de Can. Après avoir lu le livre de leur histoire d'amour, il lui avait raconté que son frère se sentait coupable de ne plus se souvenir d'eux. Il savait qu'elle avait été internée en psychiatrie pendant quelques mois... en effet, le père de Sanem était passé un soir chez lui et lui avait raconté par quoi sa fille était passée, qu'elle n'avait plus mangé, bu ou parlé pendant des mois, qu'elle était restée dans la cabane de la montagne pendant des jours sans dormir à l'attendre, jusqu'au soir où Leyla la retrouva évanouie dans le jardin... Ils n'avaient pas eu d'autre choix que de l'hospitaliser, elle hallucinait en croyant le voir ou l'entendre par moment. Ses parents étaient très inquiets. La famille avait gardé secret son séjour en clinique afin que leur quartier ne fasse pas de commérages. Elle avait passé six mois de sa vie dans cet hôpital... mais cette période représentait dix mois d'enfer en tout pour Sanem..

Sanem le connaissait et elle ne pouvait pas tolérer qu'il puisse se blâmer pour ses moments difficiles de leur histoire. Elle n'avait pas d'autres choix... elle devait apprendre à vivre sans lui... sans l'homme de sa vie, sans l'être qui lui permettait de respirer et de s'épanouir. Sentant les larmes monter, Sanem se leva et décida d'aller se baigner dans l'océan, l'eau pourrait au moins effacer ses larmes.

Can était en train de finir d'installer les branches pour former un bivouac de secours qui leur permettra de s'asseoir près du feu.... Il regardait Sanem qui était plongée dans ses pensées.... Il se rendait compte de la force de cette femme qui avait traversé tant d'épreuves. Elle s'était toujours relevée sans jamais se plaindre, sans jamais cesser de croire en lui.... Et pourtant, elle avait tant souffert, son cœur et son esprit avaient été brisés...

Après avoir lu le livre de Sanem, Can commençait à comprendre ce qui l'avait tant attiré vers cette femme. Cette façon d'aimer la vie, sa famille et ses amies... son cœur si pur, sa joie de vivre... et ce regard enfantin qui l'a rendait si innocente...

Can avait tout planifié, il voulait être seul avec elle, avoir ce moment rien qu'à eux... pouvoir la regarder, lui parler sans personne pour les écouter ou les surprendre... Il avait tant de choses à lui dire, à lui expliquer. Ses pensées étaient toujours tournées vers elle. Son cœur s'emballait en sa présence, il se sentait entier qu'à ses côtés... Il fallait qu'il exprime ce qu'il cachait au plus profond de lui-même, bien qu'il n'ait jamais été très doué pour ça...