𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏

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Les vacances d'été qui me séparaient de ma nouvelle vie sont à présent terminées. A vrai dire, je ne les ai pas vu passer. J'ai troqué les derniers rayons de soleil de Floride, là où j'ai toujours vécu, pour un endroit beaucoup plus frais : New-York.

J'emballe mes derniers cartons et je descends en mettre quelques uns dans le Pick-Up garé dans l'allée devant ma petite maison de lotissement. Je prends quelques instants pour l'admirer, je sais que je ne la reverrai pas de si tôt. Je ne pourrai pas me permettre de faire la navette entre New-York et Jacksonville régulièrement.

"Eden, ma chérie, veut-tu aider ton père à chercher les derniers cartons dans ta chambre ?"

J'aperçois la tête blonde de ma mère qui apparait dans le chambranle de la porte d'entrée. J'hoche la tête et m'exécute.

"Tu sais, s'il se passe quoi que ce soit, je suis là. Je serai toujours là, même s'il faut venir te chercher à l'autre bout du pays. Tu le sais ça, non ?" Reprend-t-elle.

J'acquiesce une seconde fois, une pointe dans le coeur, tandis que je dépose mon carton de livres dans la mâle de la voiture de mon père. Partir n'est pas facile, je ne quitte pas une vie qui me déplait, au contraire. J'ai tout ce que je veux ici, une famille aimante et des amis dévoués.

Mon père claque la porte du coffre et me sourit.

"C'est bon, toute ta vie tient dans ma voiture, je ne l'aurais jamais pensé."

Il se réjouit, à contrario de ma mère, de ce départ. Mon père habite dans une petite bourgade de bucheron à quelques centaines de kilomètres de New-York. Non, je ne fais pas partie de ces familles que les aléas de la vie n'ont pas séparées. Mes parents ne sont pas en mauvais termes pour autant, ils ont seulement dû prendre une route différente et je ne leur en veut pas.

Ma mère me prend dans ses bras une dernière fois.

"Je t'enverrai de l'argent tous les mois, que ce soit pour tes livres ou pour tes loisirs. Promets moi de rentrer souvent..."

"Maman, je ne te demande pas d'argent. Je vais me débrouiller, je deviens adulte. Je dois prendre mes responsabilités."

Elle me sert si fort que je pensais qu'elle ne me lâcherai jamais. Ma mère n'a jamais roulé sur l'or, je ne peux pas me permettre de lui prendre de l'argent avec ses revenus modestes.

Je monte côté passager et claque la porte, une sensation désagréable dans le ventre. Je vois les yeux emplis de larmes de ma mère me dire au revoir de la main, puis nous démarrons. Je lui rend son signe jusqu'à ce que je ne puisse plus la voir.

J'ai emporté des bouquins dans la voiture, de la nourriture et j'ai téléchargé des films. Le trajet sera long. Si long qu'il nous faut prendre une chambre d'hôtel, pour ensuite repartir au petit matin.

Après des heures de trajet, une sieste interminable, et beaucoup d'ennui, j'entrevois les grattes ciels se découper à l'horizon. J'y suis. Mes yeux ne savent quoi regarder, tant de choses se dressent devant eux. Les bâtiments s'étirent jusqu'aux cieux, les panneaux publicitaires animent  les rues, des marrées humaines se précipitent çà et là pour vaquer à leurs occupations.

Nous arrivons devant l'université de Columbia, mon père se gare dans le parking des visiteurs. Le somptueux bâtiment se dresse devant moi. Il est composé d'imposantes colonnes de marbre, soutenant un dôme encore impressionnant. Je me croirai en Rome antique, sur le mont palatin. En sortant de la voiture, je sens le froid me mordre la peau. Ce n'est pas désagréable.

Après avoir été à l'accueil pour demander où se trouve ma chambre universitaire, nous retournons à la voiture pour prendre les cartons. Arrivés devant la porte 266, je marque une pose. C'est ici que ma nouvelle vie débute, c'est ici que je vais passer le plus clair de mon temps. La tristesse avait laissé place à l'excitation dans ma poitrine.

Have a dinner with me ❦ [En cours...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant