Partie 1 : Adieu
La musique m'envoûtait. Je savais que je ne pouvais pas rester des heures à la laisser m'envahir ce matin là. Mon sac était prêt, fermé, rempli à ras bord, bombé. J'ai enfilé une tenu confortable, assez pour courir. J'ai attrapé la planche à roulette posée sur mon bureau, et posé la lettre, si soigneusement écrite la veille, à sa place. J'ai descendu les escaliers et ai lâché un dernier, "à plus !" en passant la porte. Je pleurais en sautant du perron. J'ai marché jusqu'au coin de la rue et puis, juste avant de prendre le coin, je lui ai dit adieu pour la dernière fois, tendant mes deux doits fièrement vers les planches de bois du Perron noircis par l'humidité. J'ai couru, couru encore et encore, avec les larmes de bonheur douloureux aux yeux. La musique ne s'arrêtait pas dans mes écouteurs. Et je ne me suis pas arrêté de courir, alors même que le soleil n'était pas totalement levé.
Le lac était calme comme le ciel. De la ou j'étais, on pouvait penser qu'il n'y avait pas de seizure entre les deux, et pourtant si, il y avait un horizon entre le rêve et la réalité. Amande était assis sur le ponton, les pieds dans l'eau, les yeux fermés, inspirant à grands poumons.- t'es la depuis combien de temps ? Ais-je dis en m'approchant de lui.
- Un peu moins d'une heure. Ça va ? Il t'ont pas posé de questions ?
- Non pas du tout...
- Parfait moi non plus.On s'est tu, et nous avons juste observé une dernière fois les montagnes qui s'étendaient derrière le lac. Atlas et Abby sont arrivés presque en même temps. Leurs souffles étaient coupés par le froid.
- On a 28 minutes avant que le bus ne parte, avait dis Atlas. Vous savez ce qu'on doit faire, reprit-il, tous ensemble.
Nous avons sortis nos téléphones portables. Et en quelque coups de pouces, nous étions tous au même stade, la commande "supprimez ce compte" s'affichait sur nos écrans, fissurés, comme nous.
- On est tous d'accord ? On va jusqu'au bout ? Chuchota Abby.
Nous avons hoché la tête à l'unisson. Et en quelques glissements, nous avions disparus de tous les réseaux sociaux.
- ok, deuxième étape, les cartes SIM.
Nous avons sortis les cartes de leurs compartiment, les confiant à Atlas, qui les détruisit avec une pierre, avec d'ailleurs plus de violence qu'il en aurait fallu.
- Dernière étape, ai-je affirmé.
Nous nous sommes mis en ligne, face à l'eau foncé, jaunie par les rayons nouveaux du soleil. Les assemblages de lithium et d'acier se sont un par un enfoncés dans le liquide transparent, heurtant le fond avec un écho qui signait le début de tout.
Nous avons couru encore une fois, le sourire aux lèvres pour la première fois depuis trop longtemps. Nous avions présentés nos billets avec entrain, les larmes envahissant nos visages, nous comprenions seulement que c'était aujourd'hui, et que tout irai mieux maintenant.
Assis sur les sièges en moquette bleue, nous ne dîmes rien. Nous serrions nos mains, tous ensemble et sourirent encore et encore, les gouttes de bonheur sucré plein les joues, tandis que les câbles électriques se succédaient sur le ciel bleuté. Les vrombissements réguliers du moteur nous aidaient à nous rendormir, nous étions enfin en sécurité, nous quittions enfin notre petite ville de l'Est du pays. Amande me demandais de temps en temps si je pensais que nous pourrions vivre longtemps comme ça. Et je lui répondais toujours plus ou moins la même chose : "oui, il le faut, nous vivrons comme nous n'avons jamais vécu. De belles aventures nous attendent. Nous sommes comme les étoiles filantes tu sais, nous vivons en voyageant. Et quand nous vivions, on le fait à cinq mille pour-cent. On s'arrêtera jamais d'espérer, on s'arrêtera jamais d'être heureux, du moment qu'on est tous ensemble, plus rien n'ira plus jamais mal". Et souvent, il me répondait : "et on sera à jamais des étoiles filantes alors ? Incroyablement lumineuses mais aussi inarrêtables ?"
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Anarchistes
Teen FictionQuatre adolescents décident de fuguer de leur ville natale. Tous ensemble, ils se promettent une vie remplie de joie, de promenades et de longues nuits d'étés.