En quelques pas, la jeune fille arrive devant moi. Elle ouvre la bouche et me demande :
- Qui es-tu ?
- Louise Mercier. Une nouvelle, je réponds.
Je retiens mon souffle. Une lueur dangereuse apparaît dans son magnifique regard gris. Je décide de ne pas poser mes yeux sur elle. Je les lève donc et ils tombent sur le garçon de toute à l'heure. A présent, il est entièrement visible. Ses cheveux noirs de jais coiffés en raie sur le côté font ressortir de façon flagrante le bleu de ses yeux. Son visage est impassible. Aucune émotion n'est visible sur ce dernier. La façon qu'il a de m'observer me met mal à l'aise et je me sens légèrement rougir. Cet inconnu m'intrigue. Son regard glacé semble si profond mais il parait également hermétique à toutes choses extérieures. La jolie blonde coupe court à ma "contemplation".
- Une nouvelle. Hum. Thomas, dit-elle en se tournant vers le garçon. Mon chou, quelle heure est-il ?
"Mon chou". Apparemment, ils sont ensemble. Je remarque qu'au surnom qu'elle lui donne, un imperceptible rictus se forme sur ses lèvres. Mais, en une fraction de secondes, il disparaît. Son visage est de nouveau fermé. Thomas, d'après ce que j'ai compris, jette un coup d'oeil à son poignet où est attaché une montre.
- Dix-neuf heures moins une.
- Bien, ça peut attendre, dit la jolie blonde.
Je ne vois absolument pas de quoi elle parle mais, ça ne me dit rien de bon. Je préfère ne pas m'en mêler et de refermer la porte de ma chambre derrière moi pour me retrouver entièrement dans le couloir. La brune a disparu et Thomas s'éloigne. La blonde, elle, m'observe toujours, de façon insistante. J'ai le l'impression qu'elle me juge.
- Apolline, tu viens ? fait Thomas.
La jolie blonde se retourne et affiche un sourire sur son visage avant de tourner complètement les talons et de rejoindre son copain. Je soupire discrètement et passe une main dans mes cheveux. A ce moment là, une sonnerie retentit et les élèves se précipitent vers le grand escalier. Je les suis en, fermant la marche.
J'allais pénétrer dans le réfectoire quand je sens que quelqu'un me tapote doucement l'épaule. Je me retourne et découvre un garçon qui a l'air d'avoir mon âge. Il est grand et noir. Ses yeux rieurs et sympathiques me mettent directement à l'aise. Un grand sourire ne quitte pas son visage et je remarque que, depuis tout à l'heure, il me tend une main. Main que je sers sans plus attendre.
- Louise, c'est ça ! Enchanté.
- Je... Merci. Et toi, c'est...
- Antoine.
- Enchanté Antoine. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. Je voulais savoir si tout allait bien. J'ai remarqué ta petite alteraction avec Thomas et Apolline alors, je venais m'assurer qu'il n'y avait pas de problème.
- C'est gentil mais, tout va bien. Pourquoi est-ce que tu t'inquiétais ?
- Disons que ... Apolline n'est pas la personne la plus aimable de l'école.
- Ah. Merci, c'est bon à savoir, lui dis-je avec un clin d'oeil.
Il me propose d'aller nous asseoir. Juste avant ça, nous passons par le buffet et je me sers généreusement de tous ces plats qui ont l'air divins. Quand Antoine voit ça, il ne peut s'empêcher de laisser échapper un petit rire. Je lui donne un coup de coude en lui faisant les gros yeux et s'est en rigolant que nous rejoignons notre table.
- Alors, Mademoiselle Mercier, que faites-vous ici ?
- Et bien, mon cher. Tout comme vous, je viens ici pour étudier.
- Je veux dire, comment es-tu arrivée ici ?
- Eh bien, avant j'habitais à Paris mais, comme mes deux parents sont avocats, ils n'ont pas vraiment le temps de s'occuper de moi. Alors, ils m'ont placé ici et voilà.
Je ne remarque que maintenant que, lorsque j'ai dit que je venais de Paris, Antoine s'set figé et des étoiles sont apparues dans ses yeux déjà très joyeux.
- Tu... tu habitais à Paris ?
- Oui, pourquoi ?
- Euh... j'ai toujours voulu y aller. Dans quel arrondissement habitais-tu ?
- Le premier.
La mâchoire d'Antoine s'est carrément décrochée quand j'ai prononcé ces deux petits mots. Il faut dire que le premier arrondissement de Paris est un des plus chics et également un des plus cher. J'habitais à quelques rues du Louvre et je ne voyais que de magnifiques immeubles hossmanniens.
- Hum. Et dans quelle rue ? demande-t-il.
- Rue de Rivoli.
Je pense que j'ai réussi à mettre Antoine KO. Son regard s'est fait vitreux et rêveur.
- Si tu veux, un jour je t'emmènerai, dis-je.
- Vraiment ? s'exite-t-il.
Un grand sourire enfantin orne son visage et une expression avide lui donne l'air d'un gamin de cinq ans. J'aquiece d'un mouvement de tête et Antoine brandit son poing en criant un "ouais". Je souris moi aussi et entame mon dessert. Mmhhm. C'est vraiment délicieux. Mes pensées divaguent vers ma capitale. Les sorties shopping avec Cath, mes parents, l'aide que je leur apportais, mes promenades dans la ville lumière,... et puis,... Philippe. Je l'ai quitté avant de partir, sur un commun accord. Il était conscient que continuer ne menait à rien. Mais, ça n'empêchait pas qu'il me manque. J'avais souvent eu l'envie de l'appeler, tout à l'heure mais,... je n'ai pas eu le courage. Ce n'était pas comme ç a que j'allais réussir à l'oublier. Il valait mieux couper les ponts.
Antoine remarque que je suis ailleurs car il me demande si tout va bien. Je lui réponds vaguement que oui, qu'il n'a pas à s'inquiéter et je me reperds dans mes pensées. Ce n'est que quand une sonnerie retentit que je sors de ma torpeur. Les élèves se lèvent tous et quittent peu à peu le réféctoire. Je fais de même avec mon nouvel ami et monte en parlant avec animation à Antoine. Nous nous disons "à demain" devant la porte de ma chambre et il s'en va dans la sienne.
Quand j'entre dans ma chambre, je me rends compte que je suis épuisée. Je me mets vite en pyjama et prépare mes affaires pour demain, comme ça, je ne serai pas en retard pour les cours. Enfin, après m'être lavé les dents, je peux me glisser dans les draps propres et doux de mon nouveau lit. Sincèrement, je ne regrette absolument pas d'être venue ici. Je sens que je vais me plaire. Je n'ai pas le temps de tout revoir dans ma tête. Mes yeux se ferment tous seuls et je sombre dans le someil sans plus tarder.
VOUS LISEZ
Never say Never - Tome 1 - Wait for me
Teen Fiction1972. Louise vient d'entrer dans un grand internat situé sur les bords de la Loire. Petite Parisienne, elle va d'abords susciter l'admiration de tous mais, le destin semble s'acharner sur elle. Apolline, "Madame Parfaite", a bien décidé de lui pourr...