Le jeu du manoir de Monsieur Horsking

Camille White

Une jeune femme était allongée sur un matelas poussiéreux. Ce dernier faisait office de lit pour ses deux sœurs et elle. Ses cheveux roux, tressés, étaient ornés de fleurs et de pailles. Elle relisait une lettre pour la énième fois, intriguée. Des questions sans réponses se frayaient un chemin dans sa tête. Pourquoi elle, Camille White, fille de George White paysan sans argent, avait reçu une telle invitation de le part de ce monsieur Horsking ? Peut-être était-ce une erreur ? Était-ce une blague de mauvais goût pour lui donner l'espoir d'une vie meilleure ?y Elle regarda l'enveloppe marron et y vit son nom et son adresse écrit à la plume.

- Mmh... C'est bien trop précis pour être une erreur, se dit-elle en se pinçant les lèvres.

Ses jeunes sœurs s'amusaient toutes les deux avec le chien, riant joyeusement. Elle les observa un moment, repensant à leur mère emportée par une terrible tumeur cérébrale, il y avait déjà quelques années de cela. Son père avait mis toutes leurs économies pour la soigner, mais en vain. À peine deux ans après la découverte de sa tumeur, elle s'était éteinte dans son sommeil. Laissant deux nourrissons et une enfant. Ils avaient tout fait pour qu'elles n'en souffrent pas, mais Camille savait que même si elles ne disaient rien, il leur manquait cette présence maternelle qui les guiderait lors de leurs premières épreuves. Elle espérait, non pas d'avoir remplacé sa mère, mais de les avoir aidées et aimées en tant que grande sœur. L'amour pour ses sœurs décupla son courage. Pour elles, elle était capable de tout, même du pire. Elles avaient droit à leur bonheur, le malheur s'était assez imprégné en elles. L'argent ne faisait certes pas le bonheur, mais lorsqu'il était inexistant de nos vies, le malheureux et l'angoisse régnaient en maître. Camille n'en voulait plus. Elle glissa l'enveloppe dans la poche arrière de sa salopette et se redressa. Elle se dirigea dans la cuisine, attrapa un stylo et écrivit sur la liste de course, "Je reviendrai, promis".

Demain, elle se lèvera à l'aube, quittera sa maison sans bruit et reviendra seulement lorsque le bonheur sera à sa porté.