05 mars 2037, dans une ferme à une heure de la capitale
Cela fait maintenant huit ans que cette famille généreuse m'a recueilli. Je m'y sens bien, je n'ai jamais ressenti ni mise à l'écart ni jugement de valeur de leur part. J'ai conscience d'être si différent d'eux physiquement. Et pourtant, je leur ressemble par leur manière de penser et de réfléchir, par leur manière de voir les choses ainsi que de les ressentir. Toutes les émotions qu'ils peuvent avoir en eux, je les discerne et les éprouve autant qu'eux.
Mes deux parents, Ethan et Diana, vivent de l'agriculture et de l'élevage : ils cultivent tout ce qui est légumes verts tels que la salade, les artichauts ou des céleri mais aussi des fruits comme les pommes ou les poires. On y trouve aussi des poules, quelques vaches et deux chèvres naines.
Mon frère, quant à lui, étudie le droit international. Son université est à trois heures de route de la maison. Ceci explique pourquoi il est souvent absent.
Et puis, il y a moi. Je passe mon temps à la maison. J'alterne entre les cours à domicile et le travail des champs. Je ne vais pas souvent en ville. Les habitants ont beau m'accepter tel que je suis, je ne m'y sens pas à l'aise. Comme si, on émettait un jugement sur qui je pouvais être. Ou plutôt, sur ce que je pouvais être. Dès que j'y vais, on me pose tout un tas de questions. Je n'arrive pas à déterminer si cela est de la curiosité malsaine ou non. Je sais que les personnes ont tendance à avoir peur de l'inconnu. Hors, ici, ce n'est pas le cas. On vient me parler facilement et on rit souvent avec moi. Je me dis souvent que tout ça n'est une idée superficielle et qu'au fond, les gens ne cherchent qu'à comprendre sans émettre aucun jugement négatif.
On est à l'approche du printemps. Les fleurs et les arbres se mettent à fleurir. J'aime beaucoup cette saison. On y voit de multiples couleurs. Les oiseaux volent dans le ciel et le reste des animaux revivent. Les jours commencent à se rallonger afin de préparer l'été. J'aime observer les couchers de soleil qui sont plus doux que le reste de l'année. Cette saison me donne envie de rêver. De m'imaginer un monde rempli de couleurs et de liberté.
05 mars 2037, dans une ferme abandonnée en plein milieu de champs de coquelicots
« Nous avons enfin repéré le petit dernier après 11 ans de recherche. Que devons-nous faire ? L'aborder ? Si oui, comment faire ?
-Il faut trouver un moment où il sera tout seul. On ne peut pas risquer de se faire repérer. C'est bien trop dangereux. On a causé bien trop d'ennui à cette espèce. Et puis, même si il ne repars pas avec nous, il pourra toujours nous aider à réparer le vaisseau.
- Et si il ne veut pas coopérer ?
- On se débrouillera par nous même. On trouvera bien les connaissances quelque part. Mais bon, à mon avis, il acceptera. On est nous aussi si différent des humains, il saura alors qu'il peut avoir confiance en nous. »
Après avoir discuter de leur plan, les deux épis de blés quittèrent la pièce pour aller en parler à leurs congénères. Ils furent tous d'accord et se mirent en route pour réaliser leur projet.
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La légende de l'épouvantail
General FictionDes épis de blé vivants, un vaisseau à réparer, un mouton en peluche qui passe la plupart de son temps à râler ... Et pour couronner le tout, des scientifiques qui agissent dans l'ombre pour tenter d'éliminer le peuple qu'ils ont créé. Vous me direz...