C'était blanc. Poudreux, impalpable et d'une blancheur aveuglante. La pâleur d'une immensité glaçante voilà ce qu'était mon blanc. Innocent froid et silencieux, tel un flocon. Une armée de ces petites choses fragiles s'était allongée sous les pieds nus d'une enfant dont seul le souffle chaud semblait embrumer la pureté de la neige environnante. Ses expirations haletantes n'étaient cependant pas assez chaudes pour réchauffer les nuages glacés qui lui mordaient les pieds; mais n'étaient pas assez froids pour éteindre l'incendie qui lui rongeait les côtes, l'estomac et maintenant les poumons. Ses grands yeux, peignés de tourment, ne cessaient de regarder frénétiquement par-dessus son épaule et tout son corps fuyait ce qui était inéluctable. Sa course effrénée ne suffisait pas à distancer le vent. Il la caressait affectueusement, baisait sa peau, y laissant des gelures douloureuses. Il la fouettait inlassablement de ses bras invisibles et ne semblait pas vouloir cesser de la harceler de son impétueuse et hostile froideur. Aucun abri ne se profilait à l'horizon. Seul le néant s'offrait en refuge. Malgré cela, ses pupilles contractées ne cessaient de chercher, de sonder, de scruter, d'examiner avec une rapidité affolante l'infinie blancheur que lui offrait son champ de vision. L'énergie qu'elle déployait était telle que ses larmes n'avaient plus la force de perler sur ses joues rosies par le froid. Mais ça n'était plus qu'une question de temps. Bientôt les bourrasques finiraient par lui faire perdre la raison et elle s'effondrerait dans la neige tel un flocon.
Pourtant contre toute attente, ses pas, qui maintenant se faisaient faibles et maladroits, l'amenèrent dans une cavité rocheuse. Elle s'y terra. Mais rien n'arrête le vent, pas même son foyer d'infortune. Il est vif, cruel et intransigeant. Imprévisible, le blizzard se faufile, se glisse par tous les orifices, par toutes les failles et de toute part il continue son affreux dessein. Rien, pas même les vaines tentatives qu'elle effectuait pour se réchauffer ne pourrait l'en empêcher. Elle avait replié ses genoux contre sa poitrine et ses doigts, devenus insensibles, frottaient faiblement le haut de ses épaules. Mais maintenant il était trop tard. Il était là et il l'avait toujours été. Cet ennemi invisible eut raison d'elle. Il l'enlaça et lui baisa le front. Il laissa son corps s'allonger paisiblement dans l'abîme et l'oubli. Et ses lèvres bleutées embrassèrent l'hiver comme si jamais l'innocence n'avait pu connaitre la terre. A présent encore, ses yeux vides continuent de parcourir les courbes de la pierre où ne cessent de chanter le vent.
Allongée là, je la cherche encore.
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Blanc
Non-FictionCeci est un essai auto-biographique dans un style que l'on pourrait rattacher à un mouvement littéraire appelé symbolisme. Je ne veux pas trop en dire concernant ce texte afin que chacun puisse y déceler mes émotions les plus profonde en se laissant...