TU PLEU(RE)S

     Il y avait ces moments où Nobara avait juste besoin d'être seule. Ce genre de moment où être seule était bien plus bénéfique que de voir du monde.

Aujourd'hui, c'était de ces moment-là.

Elle s'était levé, ce matin, bien plus calme que de d'habitude. Elle avait observé par la fenêtre de sa chambre, les yeux encore gonflés et l'esprit embrumé du matin. Il pleuvait. Légèrement mais tout de même un peu.

Elle sourit.

Rapidement, mais toujours aussi délicatement, elle prit soin de se faire un doux café. Ni trop amer, ni trop sucré. Puis, elle se glissa dans sa petite couverture, venant reposer sa tête contre le verre de sa fenêtre, la tasse chaude entre ses mains. La fumée s'échappant de la boisson la réchauffait tranquillement et lui fit du bien.

Son regard se posa sur la vitre, qui la séparait dangereusement de l'extérieur, et s'accrocha à deux petites gouttelettes d'eau grisées. Elles semblaient faire une course silencieuse, tombant avec précipitation, cherchant à atteindre le sol. Mais tout cela avec une élégance presque surréaliste. Presque irréelle.

Elle avait toujours aimé la pluie.

A travers, elle y voyait le sourire et la présence de Yuji, tout aussi rassurant. A travers, elle y voyait la timidité et le calme de Megumi. A travers, elle y voyait l'assurance de Maki ou encore le silence de de Toge. En plissant les yeux, elle pouvait même apercevoir la force impressionnante de son professeur Gojo.

Elle avait toujours aimé la pluie, depuis toute petite.

Elle lui rappelait Saori-chan. Et les jours où les deux jeunes filles s'enfermaient dans la maison craignant un orage qui ne viendrait jamais. Elles auraient dû craindre les gens plutôt que la nature. Si elles avaient su.

Nobara se reconcentra maladroitement sur la réalité et son café eu soudainement le gout du gâteau à la fraise de son amie

Elle avait toujours aimé la pluie, aussi loin qu'elle s'en souvienne.

Entendre le bruit régulier des gouttes frappant la vitre l'apaisait. Les cliquetis de l'eau formaient une douce et jolie mélodie à l'intérieur de son cœur.

Peut-être son cœur était-il fait de pluie ; remplis d'une eau pure qui façonnait sa passion. Son esprit bercé par le son de cette dernière. Elle était faite entièrement de pluie, l'eau faisant s'écouler son amour du monde. Peut-être qu'elle était même née de la pluie. C'était surement cela. C'était surement pour ça qu'elle avait cette étrange et agréable impression que les larmes du ciel communiquaient d'une certaine façon avec elle.

Elle était faite de pluie, né de pluie, vivant pluie et parlant pluie. C'était aussi simple que ça.

Nobara était une fille-pluie, des pieds à la tête, du corps à l'âme.

Elle soupira et ce n'est que lorsqu'elle se permit de fermer les yeux qu'elle remarqua la goutte de pluie sur sa joue. Celle s'étant échappé du nuage gris de ses yeux bruns.

Elle ne l'enleva pas, préférant la laisser couler contre son épiderme ; son froid glacial contrastant avec la chaleur de sa peau. C'était d'un silence presque religieux.

Elle ne sait point combien de temps est-ce qu'elle resta là. Tout ce qu'elle pouvait affirmer était qu'elle s'était sentit à sa place, en paix avec elle-même.

Malheureusement, elle sut que cela prendrait bientôt fin. Elle sourit en buvant la dernière gorgée de sa boisson. Elle se promit de revivre un de ses moments de tendresse et de beauté bientôt. Juste elle, en tête à tête avec la pluie.

Mais cette promesse s'évapora bien vite lorsque la porte de sa chambre claqua soudainement dans un bruit sourd, brisant l'instant. Deux personnes entrèrent et les yeux ne Nobara tombèrent sur le sourire en coin d'un garçon aux cheveux noirs et sa main fut attrapée par celle chaleureuse d'un autre garçon, cette fois aux cheveux bizarrement roses.

Finalement, elle aimait sûrement autant ces moments bruyants, en compagnie de deux abrutis aussi attachant que la pluie.