Apprendre à reconnaître chez les autres des émotions que je n'avais même pas moi-même expérimenté : l'amitié, l'intérêt, le désintérêt, la haine, l'amour... savoir décoder des liens sociaux qui m'étaient totalement étranger. Savoir plaisanter, savoir faire confiance, savoir écouter, savoir confier... tout me demandait un effort. Rien n'était naturel. Et, plus encore, je devais défaire un caractère, défaire ce que j'avais été, ce qu'on m'avait inculqué de grès ou de force, ce qu'on m'avait fait entendre toute ma vie. C'était impossible. Je faisais des progrès, j'avais franchi des pas que je n'aurais jamais pensé franchir auparavant, mais, sans cesse, je reculai en arrière à chaque nouvelle victoire. Les fantômes de mon passé n'auraient jamais de cesse de me hanter, quelque soit ma conviction à les oublier. - Tu sais, tu n'es pas obligé d'oublier ou de faire comme si tu avais toujours été Rosaline. Ce n'est pas le cas et ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave non plus si tes cicatrices se referment difficilement, pas grave si tu as peur, pas grave si tu ne sais pas comment réagir, pas grave si tu as besoin de réapprendre beaucoup de chose, pas grave si tu ne réagis pas comment d'autres l'auraient fait... pas grave non plus si tu fais des erreurs.
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