ANA
Tu t’es imposée à moi sans que je puisse rien faire.
Tu as pris possession de mon corps comme de mon cerveau, si lentement que je ne m’en suis pas aperçue.
Tu es discrète au début, réussis à te faire oublier ou à usurper l’identité d’un manque d’appétit lié à l’angoisse.
Tu es sans scrupule et horrible.
Tu es dangereuse et attractive.
Tu es celle qui me retient devant mon assiette des fois plusieurs heures et en pleurs. Celle qui m’a dégoûtée de la nourriture.
Tu es celle qui ce permet de trier ce qui peut aller dans mon estomac, par ta peur de grossir. Celle qui me pousse toujours plus loin dans le sport afin d’éliminer ce que tu qualifies de « trop ».
Tu agis comme une drogue dans ma tête. Je voudrais me débarrasser de toi et sortir de ce cercle vicieux mais tu es addictive et trop dure à combattre. Je suis trop faible face à toi.
Tu m’empêches de manger, me pousse à vomir, me fais culpabiliser pour ce que j’avale.
Ton obsession pour ces chiffres devient accablante et me joue des tours. Tu t’acharnes à me faire compter et additionner ces nombres horribles sur les aliments. Ces nombres cauchemardesques qu’on appelle « calories ».
C’est plutôt ironique d’avoir plus peur de son assiette que de la m0rt, non ?
On m’a dit que tu étais une façon de se su1c1d€r, alors est-ce pour ça que je t’ai laissé prendre autant de place inconsciemment ?
Tu es le fruit d’une société où la valeur des uns dépend des normes imposées par les autres et de ces chiffres sur la balance. Ceux qui te font te sentir horrible et qui sont tellement obsessionnels.
Tu es celle qu’on appelle anorexie mentale et qui détruit ses victimes.