Complainte litanies de mon Sacré-Cœur
[…]
Mon Cœur, cancer sans cœur, se grignote lui-même.
Mon Cœur est une urne où j’ai mis certains défunts,
Oh ! chut, refrains de leurs berceaux ! Et vous, parfums…
Mon Cœur est un lexique où cent littératures
Se lardent sans répit de divines ratures.
Mon Cœur est un désert altéré, bien que soûl
De ce vin revomi, l’universel dégoût.
Mon Cœur est un Néron, enfant gâté d’Asie,
Qui d’empires de rêve en vain se rassasie.
Mon Cœur est un noyé vidé d’âme et d’essors,
Qu’étreint la pieuvre spleen en ses ventouses d’or.
[…]
Mon Cœur est une horloge oubliée à demeure,
Qui, me sachant défunt, s’obstine à sonner l’heure !
Jean Laforgue, Les Complaintes (1885).