“ À Th. Ferré.
Si j'allais au noir cimetière,
Frères, jetez sur votre sœur,
Comme une espérance dernière,
De rouges œillets tout en fleur.
Dans les derniers temps de l'Empire,
Lorsque le peuple s'éveillait,
Rouge œillet, ce fut ton sourire
Qui nous dit que tout renaissait.
Aujourd'hui va fleurir dans l'ombre
Des noires et tristes prisons.
Va fleurir près du captif sombre
Et dis-lui bien que nous l'aimons.
Dis-lui que par le temps rapide
Tout appartient à l'avenir ;
Que le vainqueur au front livide
Plus que le vaincu peut mourir. ”
Louise Michel, « Les œillets rouges », 1886.
“ Monsieur Victor Hugo
Cher Maître,
Je vous envoie la sœur de Ferré, c'est le meilleur d'entre nous, le plus généreux dans le triomphe, le plus fier dans la défaite, c'est pour cela qu'on l'a condamné à mort.
Sauvez-le, ce n'est pas le premier que vous arrachez au bourreaux, ce ne sera pas le dernier. Le temps pressé, je le remets entre vous mains.
À vous la gloire d'être le seul vivant et juste dans ces ruines.
Sauvez-le. Nous vous en supplions
Louise Michel, Maison d'arrêt de Versailles, 1871.
Quelle femme extraordinaire.