La scène se passe sur une terrasse légèrement ensoleillée par une fin d'été. Une odeur de camélia parfume l'air. Il fait doux. Une jeune fille est assise par terre, un ordinateur sur les genoux, des nuages dans les yeux. 

- "Je ne sais pas  quel détail de ma vie pourrait susciter votre intérêt, précieux, alors...  "Non, non, c'est nul. (Elle supprime) Essayons plus classique : "Etudiante en lettre, j'aime lire, écrire, créer." 
(Elle fixe l'écran. Répète sa phrase.) 
Bon ...je suis les pieds joints dans le stéréotype. Etudiante en lettre, voudrait vivre de sa passion, rêve de Baudelaire, fantasme sur Rimbaud. (Après un temps) Jeune. Non parce que vieux...Alors que Victor Hugo vieux ! Oui,parce que jeune...Une vraie tête de dauphin ! 
(Elle efface, et soupir. )
De tout manière, je ne pense pas qu'on s'intéresse à ce que je suis. Plutôt à ce que je fais. Si cela leur plaît. 
(Elle ferme les yeux, et laisse le soleil lui effleurer le visage. )
Et puis, pourquoi raconter la vérité. 
(Elle écrit. Un temps d'arrêt. Relis.) 
"Oyez ! Oyez! Gentes Damoiselles et Damoiseaux, approchez vos museaux. Nommez-moi Marguerite la fleurie, Louison petites mains ou Pallas Reine de vos cœurs, ce soir, je fais votre bonheur! Asseyez -vous, les petits devants, les grands bourrus derrières, écoutez! J'ai milles contes, histoires, ragots à vous conter..."
(La jeune fille s'arrête. Ferme son ordinateur. )
Non. C'est ridicule à souhait. Franchement...(elle soupir). Je laisse, à eux, aux curieux, le pouvoir d'imaginer ce que je pourrais être. Ils ont page blanche pour écrire mon histoire.