Swannarchie

"Alors elle était capable d'imaginer qu'elle pourrait appartenir à un autre, et cela ne lui apparaissait pas comme de l'infidélité mais comme d'ultimes noces, quelque part où ils n'étaient pas, où ils n'étaient que musique pour ainsi dire, une musique que personne n'entendait et que rien ne répercutait. Car elle n'éprouvait alors son existence que comme une ligne grinçante qu'elle enfouissait pour pouvoir s'entendre dans la confusion du silence, quelque chose où un instant exige le suivant et où elle devenait ce qu'elle faisait — sans répit et sans importance — et où restait pourtant quelque chose qu'elle ne pouvait jamais faire. Et pendant qu'elle se rendait soudain compte qu'ils ne s'aimaient peut-être que dans le bruyant refus d'entendre une sonorité douce, presque follement intime, douloureuse, elle devinait les intrications plus profondes et les formidables entrelacements qui survenaient dans les moments de pause où les bruits se dissipaient, ces instants de réveil où l'on sortait du fracas pour tomber dans l'immensité sans rive du fait de se retrouver doué de sensibilité parmi des événements sans conscience ; et c'était avec la douleur de pénétrer seule, malgré la proximité de l'autre, dans cet espace — où toute autre forme d'action n'était en comparaison qu'une façon de s'étourdir, de se fermer et de s'anesthésier avec du bruit —, qu'elle l'aimait en pensant lui infliger l'ultime douleur terrestre."
          	
          	Robert Musil, L'accomplissement de l'amour 

Starsstorm

@Swannarchie  d'accord, j'essayerai de regarder alors:)
Reply

Swannarchie

@Starsstorm  après il y a des aspects que je trouve moins aboutis dans cette nouvelle que dans le roman Les désarrois de l'élève Törless, que j'ai beaucoup aimé 
Reply

Swannarchie

@Starsstorm tout à fait d'accord ! Je recommande, la traduction a paru il y a peu je crois :)
Reply

Swannarchie

"Alors elle était capable d'imaginer qu'elle pourrait appartenir à un autre, et cela ne lui apparaissait pas comme de l'infidélité mais comme d'ultimes noces, quelque part où ils n'étaient pas, où ils n'étaient que musique pour ainsi dire, une musique que personne n'entendait et que rien ne répercutait. Car elle n'éprouvait alors son existence que comme une ligne grinçante qu'elle enfouissait pour pouvoir s'entendre dans la confusion du silence, quelque chose où un instant exige le suivant et où elle devenait ce qu'elle faisait — sans répit et sans importance — et où restait pourtant quelque chose qu'elle ne pouvait jamais faire. Et pendant qu'elle se rendait soudain compte qu'ils ne s'aimaient peut-être que dans le bruyant refus d'entendre une sonorité douce, presque follement intime, douloureuse, elle devinait les intrications plus profondes et les formidables entrelacements qui survenaient dans les moments de pause où les bruits se dissipaient, ces instants de réveil où l'on sortait du fracas pour tomber dans l'immensité sans rive du fait de se retrouver doué de sensibilité parmi des événements sans conscience ; et c'était avec la douleur de pénétrer seule, malgré la proximité de l'autre, dans cet espace — où toute autre forme d'action n'était en comparaison qu'une façon de s'étourdir, de se fermer et de s'anesthésier avec du bruit —, qu'elle l'aimait en pensant lui infliger l'ultime douleur terrestre."
          
          Robert Musil, L'accomplissement de l'amour 

Starsstorm

@Swannarchie  d'accord, j'essayerai de regarder alors:)
Reply

Swannarchie

@Starsstorm  après il y a des aspects que je trouve moins aboutis dans cette nouvelle que dans le roman Les désarrois de l'élève Törless, que j'ai beaucoup aimé 
Reply

Swannarchie

@Starsstorm tout à fait d'accord ! Je recommande, la traduction a paru il y a peu je crois :)
Reply

Swannarchie

"On peut très bien vivre une vie que l'on ne vit pas. On peut indéfiniment supporter ce que l'on ne supporte plus."
          Christian Bobin, Cœur de neige 

hkaalopsiaa

@Swannarchie  Ou par liberté, ne l'oublions pas, par simple liberté 
Reply

Swannarchie

@CaliNemo  pas nécessairement : ça peut être par ignorance ou par amour aussi
Reply

CaliNemo

Parce que ça ne demande aucun effort... 
Reply

Swannarchie

"La poésie n'est pas essentiellement et n'est même pas d'abord du langage. C'est une flèche recueillie sur sa cible. Que cette flèche soit tendue sur la corde d'une voix ou bien qu'elle s'élance de l'intérieur muet des choses n'a pas d'importance. La cible est toujours la même : cette présence soudain incontestable d'une autre vie dans notre vie, une présence si nette qu'elle ressuscite la joie en nous dormante."
          Christian Bobin, L'épuisement 

Swannarchie

"Quand la vie tourne au froid je vais chercher dans les livres des poètes de quoi poursuivre mon vol. Ce ne sont pas les poètes qui comptent — c'est le vol."
          
          Christian Bobin, L'épuisement 

Swannarchie

@CaliNemo  tout à fait d'accord !
Reply

CaliNemo

@ Swannarchie  ça me fait penser à "ce n'est pas la destination qui compte, c'est le voyage" 
Reply

Swannarchie

Yo,
          
          Un nouveau texte wsh
          
          C'est marrant hein 
          
          Bref

CaliNemo

@ Swannarchie  wesh wesh gros, vazy, t'es bien entamé :) 
Reply

Swannarchie

Cette année, on m'a dit : 50 ans, c'est l'âge métaphysique. Puis : 30 ans, vous savez, c'est vraiment l'âge métaphysique.
          Avant, je me disais : 15 ans, c'est l'âge métaphysique. 
          Aujourd'hui, je me dis : 18 ans, c'est l'âge métaphysique.
          Putain de métaphysique de merde (oups, pardon), impossible d'en décoller cinq minutes. Il y a des êtres comme ça, qui sont juste faits pour finir leur vie eux-mêmes comme des grands — alors que ce sont les plus éternels des enfants.

Swannarchie

@Maxiplanete  comme l'écrit Jean Baudrillard : "En fait, il n'y a rien. Il n'y a pas quelque chose. Il y a rien."
            La réalité n'est pas : il n'y a que l'hyperréel, l'illusion d'un simulacre de réalité contenant l'illusion d'un sujet qui croit saisir un objet qui n'est pas 
Reply

hkaalopsiaa

@Swannarchie  Sans doute, une évidence de l'apparence, peut être une réalité, c'est peut-être aussi d'autant plus les apprécier que d'en douter.
            Je crois que tout ce qui est possible mérite d'être pensé, la réponse au pourquoi des choses est déjà là, il n'y a pas de pourquoi : les choses sont parce qu'elles sont, ou encore mieux les choses sont.
            C'est une question fondamentalement humaine que de poser le pq, comme si l'univers avait des raisons d'êtres
            Il y a de l'injustifiable, et j'aime cela, je n'ai pas envie de sombrer dans un fatalisme de l'absurde, je crois au contraire que c'est parce que le monde n'a pas de sens, que nous pouvons lui en donner, penser c'est construire des châteaux de sable, et l'éphémère est beau.
            J'aime cette évidence de l'être que je ressens  parfois, mais pour moi c'est parce que fondamentalement elle n'est pas evidente que je peux l'apprécier. 
            Je pense le monde comme un immense bac à sable, la beauté de la métaphysique c'est d'être conscient de sa vanité, la métaphysique consciente de son impuissance à expliquer le monde est belle car elle est artistique.
            Les choses sont, il n'y a pas de raison qu'elle soit, je décris juste des rosaces autour de l'être gratuit par liberté. 
            Je me plais à penser tout ce que je peux penser, car la liberté est avant tout une affaire de potentialité 
            Je crois que l'evidence est avant tout une construction linguistique, et socio-culturelle, rien ne va de soi, même pas le fait que le monde n'aille pas de soi.
            L'absurdité du monde n'est pas une évidence pour tout le monde et certains parcourent leur vie sans se demander, si elle avait une valeur intrinsèque, sans se demander si le monde avait un sens, il faut dire qu'on recouvert le monde d'un voile de logique.
Reply

Swannarchie

@Maxiplanete  mais s'obséder à vouloir connaître le pourquoi des choses, n'est-ce pas aussi nier une certaine évidence de l'être ?
Reply

Swannarchie

"Mais alors, céder à cette pente, c'était retomber dans la protestation mystique, dans l'adoration de la mort. Les drogués sont des mystiques d'une époque matérialiste qui, n'ayant plus la force d'animer les choses et de les sublimer dans le sens du symbole, entreprennent sur elles un travail inverse de réduction et les usent et les rongent jusqu'à atteindre en elles un nouveau de néant. On sacrifie à un symbolisme de l'ombre pour combattre un fétichisme de soleil qu'on déteste parce qu'il blesse les yeux fatigués."
          
          Pierre Drieu la Rochelle, Le feu follet