Elle le voyait même là où il n’était pas, entendait sa voix prononcer un langage qu’il ne parlait pas, respirer un parfum qu’il se sentait pas.
Mais qu’il soit présent ou non, la pensée de lui était suffisante.
Elle n’avait jamais rien tant désiré que son ton nonchalant et son visage pâle, cerné, fermé au monde et à elle. Ce cœur froid, cette âme meurtrie, elle n’avait jamais rien désiré plus fort.
Pourtant, lui, semblait ne voir qu’au travers d’elle, et pas de la manière romantique du terme. Elle n’était qu’un fantôme de plus, face à cette foule de personnes qu’il méprisait, qu’il craignait peut-être. Elle n’était rien, lui était tout.
Comment cela aurait-il pu bien tourner ?
Aujourd’hui, la petite fille survivait de son absence. Il n’était plus nulle part, particulièrement les rares fois où il se trouvait sur son chemin. Ils étaient deux inconnus qui avaient eu le malheur de se rencontrer, de se parler, et de rire quelques fois. Leurs âmes ne s’étaient pas liées, pas plus que leurs cœurs ou leurs corps.
Le garçon n’était plus qu’un souvenir, sans doute un qu’elle chérirait jusqu’à la fin, mais elle n’avait plus le droit de l’espérer.
Elle avait eu son temps, l’heure était venue d’avancer vers un autre chemin.
Alors elle le ferait, de gaité de cœur ou non.
La petite fille folle d’amour resterait à jamais gravée dans son cœur, mais comme une belle part du passé, et rien d’autre.
Lorsque son cœur crierait je t’aime, sa tête la tairait encore et encore.
Elle n’avait plus ce droit, ce n’était pas juste.
Alors elle écrirait jusqu’à ce qu’il ne lui inspire plus ni mots, ni maux.