Seize printemps et les mots s'échappent de ma plume. J'ai essayé de les raisonner, pensez-vous, ils se sont foutu de moi et j'ai bien dû leur lâcher la bride. 

Ces mots-là, 
je les ai noyés à la tisane
- verveine-camomille, tandem inépuisable -, 
je les ai assommés à coup de Ghibli, 
je les ai semés sur les sentiers du Mercantour 
et les plages ignorées du Sud, 
je les ai étouffés entre les pages 
d'un Jane Austen ou d'un Romain Gary, 
je les ai oublié, voilà longtemps, 
avec Hermione Granger et Keefe Sencen, 
je les ai caché entre les croquettes du chat 
et les branches du ficus, 
je les ai saturés d'années '80, 
de chansons de Noël, 
de Muse, de Sia, d'Imany, de U2, de Queen,
de Grand Corps Malade et de Jean-Jacques Goldman,
je les ai traînés en chemise scout 
et en chaussons de modern jazz, 
je les ai portés de la Thaïlande à l'Irlande, 
en passant souvent par l'Italie et les côtes provençales. 

Et ces mots, malgré tout, sont restés. 

"Je suis une vie tissée de mots 
Tricotée de nuits noires d'ennui 
Et de ribambelles couleur lumière" 

Il paraît qu'on m'appelle Emma, de temps à autres. Un peu antisociale sur les bords, mais je ne me suis pas encore essayée au régime anthropophage. D'ici là, n'ayez pas peur, je papote toujours avec grand plaisir :) 

« L'image exacte de l'esprit d'un français est la langue française elle-même. »  Marcel Prévost. 


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