Owen 💚

Les feuilles se détachaient à nouveau des arbres. L'automne faisait son entrée, chassant l'été. Et c'est en suivant ce même cycle qu'elles retombaient elles aussi, doucement, timidement, chassant leurs tourments. Cette saison était la plus chaude à leurs yeux, la plus réconfortante. Là où les autres voyait une température morose et terne, elles y voyaient le calme et l'apaisement.
          
          C'est ce que représentait l'automne. Un renouveau.

Le monde est vaste, la pièce est bondée,
          Mon âme est seule, pourtant submergée,
          Mes oreilles bourdonnent, je laisse mon cœur s'emballer,
          La chaleur devient intenable et je suis piégé.

Elle me perçait les tympans,
          Elle me serrait la gorge,
          Elle me fouettait les poumons,
          Elle me brisait les os.
          
          Elle me laissait pantelant,
          Lentement elle s'enfuyait,
          Mais le mal était déjà fait,
          Tout n'était que son plan.
          
          Ne jamais me laisser seul,
          Me marquer à vie,
          Pour que jamais je ne m'arrête,
          De penser et repenser.

La pluie cachait ses larmes.
          Elle tremblait.
          Son coeur se noyait.
          Elle était au plus bas.
          Son corps attrapait froid.
          Elle n'avait plus le courage de sortir les armes.

C'est soudain, ça me prend comme un haut le coeur,
          Je veux m'évader pour éviter cette horreur,
          Mais quelque chose bloque tout mes mouvements,
          C'est ainsi que je me noie lentement.

Les fils s'entremêlent, se chevauchent.
          Ils sont différents.
          Chacun se distingue de son voisin.
          Ils s'émancipent, ils se regroupent.
          Ils s'éloignent, ils se jugent.
          Leurs sentiments s'entrechoquent mais finissent inévitablement par se lier pour créer l'humain.
          Un être loin d'être ordonné.
          
          

Le soleil le brûlait,
          La nuit le confortait,
          Assis, il fredonnait,
          Ces mots que personne ne prononçaient.

Je voudrais tant m'excuser,
          Te délivrer la stricte vérité,
          Te confier ce que je pense être des péchés,
          Mais rien ne peut s'échapper.
          
          Rien de tout ça ne sortira de mon coeur,
          Tout restera bloqué à l'intérieur,
          Frappant les murs, brisant les vitres,
          Mais en vain.
          
          Mon coeur continuera à se blesser,
          À s'effacer,
          Si seulement je n'évitais pas la vérité.
          
          
          J'aimerais être sain.

Des couleurs qui défilent,
          Des lignes interminables,
          Ce sourire minable,
          Une expression indélébile.
          
          Des centaines de kilomètres,
          Un corps face à la grandeur du ciel,
          Qui hurle ses pensées au soleil,
          En souvenir de tes douces lèvres.
          
          Far away

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          Il portait de petites lunettes rondes et dorées qui accueillaient tendrement l'air chaud sortant d'entre ses lèvres. Mais cela n'avait pas l'air de le préoccuper, ses yeux restaient fermés.
          
          Nous étions assis côte à côte sur un banc légèrement mouillé, j'avais placé ma veste sous nos cuisses pour nous éviter de finir avec nos pantalons trempés. Devant nous, se tenait un immense parc. De gigantesques sapins l'entouraient, une allée en pierre se tenait au milieu ainsi qu'une fontaine, juste en face de nous. Des enfants couraient, tombaient, riaient. La voix de leurs parents s'élevait parmi les nombreux cris, ramenant parfois un pseudo silence pour ne laisser place qu'aux prouesses de mon amant. 
          
          Il fredonnait une douce balade, le timbre de sa voix grave parvenait à mes oreilles et je souriais tellement que j'aurais pu m'en décoller la mâchoire.
          
          Ses doigts s'appliquaient sur les cordes de son instrument à effectuer les bons gestes dans le bon ordre. Le timbre de sa voix s'alliait parfaitement avec les vibrations de sa guitare. La mélodie qui s'élevait dans l'air était tout simplement ravissante.
          
          Sa main droite avait délaissé la mienne pour jouer. Ses doigts brûlaient de froid en frôlant les cordes. Le rouge s'étendait un peu plus sur sa peau à chaque seconde qui passait. 
          
          Je le regardais se consumer, les yeux brillants. Je le regardais brûler et réchauffer le monde autour de lui. 
          
          Il faisait renaître la vie en se détruisant lui même.
          
          Les enfants finissaient par venir admirer le malheur qui rayonnait au fond de ses pupilles tandis que sa voix craquait sur certaines notes. 
          
          Il était pareil au soleil. 
          Brûlant mais inspirant.