gunessinbatisi

MON RÊVE FAMILIER
          	
          	Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
          	D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
          	Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
          	Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
          	
          	Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
          	Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
          	Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
          	Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
          	
          	Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.
          	Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
          	Comme ceux des aimés que la Vie exila.
          	
          	Son regard est pareil au regard des statues,
          	Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
          	L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
          	
          	1866.
          	

-aesthetica

@gunessinbatisi захожу на ваттпад раз в месяц, чтобы почитать мсье Верлена в оригинале :) 
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gunessinbatisi

MON RÊVE FAMILIER
          
          Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
          D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
          Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
          Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
          
          Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
          Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
          Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
          Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
          
          Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.
          Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
          Comme ceux des aimés que la Vie exila.
          
          Son regard est pareil au regard des statues,
          Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
          L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
          
          1866.
          

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gunessinbatisi

Как в море жил ты в своём одиночестве и оно лелеяло тебя. Увы, ты снова хочешь сойти на берег. Увы, ты снова хочешь сам нести своё тело.

gunessinbatisi

«Их сгноило призрачное счастье потреблять готовое. Не бывает счастливых без рабочего пота и творческих мук. Отказавшись тратить себя и получая пищу из чужих рук, изысканную пищу и утонченную, читая чужие стихи и не желая писать свои они изнашивают Оазис, не продлевая ему жизнь, изнашивают песнопения, которые им достались. Они сами привязали себя к кормушке в хлеву и сделались домашней скотиной. Они приготовили себя к рабству.»
          
          Цитадель.

gunessinbatisi

Le voyage :
          
              1
          Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
          L’univers est égal à son vaste appétit.
          Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
          Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
          
          Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
          Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
          Et nous allons, suivant le rhythme de la lame,
          Berçant notre infini sur le fini des mers :
          
          Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
          D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
          Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
          La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
          
          Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
          D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
          La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
          Effacent lentement la marque des baisers.
          
          Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
          Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
          De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
          Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
          
          Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
          Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
          De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
          Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !
          
          1861.

gunessinbatisi

Оборачиваясь по сторонам, теряясь среди шума улиц, как зритель безумного спектакля, сидящий на последнем ряду, он наблюдал за чем-то совсем далёким от него. Ему казалось, что люди вокруг были одержимы некой мелодией: в бодром танце, толпами, они отдавались своей суете. Как танцевать было ему?