C'était une petite fille resplendissante de bonheur, elle était tout simplement heureuse, heureuse d'être en vie. Elle tourbillonnait au milieu des prés, laissait la chaleur du soleil effleurer sa peau. Elle dansait, emportée par une brise d'été, sous le roucoulement des oiseaux.
Le temps passait et elle grandissait. Adolescente et éclatante de joie, elle l'était devenue. Et pourtant, quelque chose avait changé.
Elle continuait de vivre au rythme de sa vie mais elle ne dansait plus. Elle prétendait aller bien mais il suffisait seulement que quelqu'un lui parle pour qu'elle baisse les yeux, pour que sa voix fluette se mette à trembler telle que son frêle squelette. Elle avait pour tic de rabaisser chaque minute ses manches au niveau de ses paumes. Elle semblait souriante mais ses agissement n'en paraissait pas tant. Personne n'aurait imaginé ses véritables sentiments.
Ce soir là, elle rentra chez elle. Pour la première fois, elle arrêta la musique qu'elle écoutait sans cesse. Et dans un tumulte d'idées, de questions et de souvenirs, elle se mit à pleurer. Ses sanglots, étouffés, lui arrachaient la gorge. Ses larmes, corrosives, brûlaient ses joues rosées. Son cœur se resserrait et son souffle se coupait. Elle suffoquait sous le simple fait de repenser à sa vie. Elle revoyait défiler dans sa tête : ses amours, ses proches et ses erreurs. Elle allait si mal que sa tristesse se transforma en rage. Alors elle roua le mur de sa chambre de coups jusqu'à en tomber par terre, épuisée. Ses phalanges ouvertes, ensanglantées. Sa rage semblait s'être calmée mais son cœur, quand à lui, était brisé.
À partir de ce soir-là, tout dérapa. La musique pouvais continuer de résonner, la jeune fille ne s'unissait plus à la mélodie. Elle était là, marchant dans le froid sans même regarder autour d'elle, vivant dans un épais nuage de fumée. Un sourire effacé, un teint pâle et un regard avide de toutes émotions. Son enjouement avait disparu. Elle avait disparu. Elle n'existait plus.