Il y a en moi cette dualité que je ne comprends pas toujours : je vis avec passion, avec feu, avec cette urgence de ressentir tout, tout de suite — et pourtant, il y a des jours où tout se glace. Où je me regarde de loin, presque étrangère à moi-même, observant ma vie comme une peinture qui s’efface lentement sous la pluie. Et c’est précisément dans ces instants de froideur, dans ce vide qui me traverse, que je trouve l’étincelle de mes mots, la source de mes images, la raison de ma création.
Les artistes, dit-on, sont des êtres mélancoliques. Je crois surtout que nous sommes des traducteurs du silence. Nous entendons ce que le monde tait. Nous ressentons ce que les autres fuient. Et à force de porter ces émotions qui ne nous appartiennent pas toujours, nous apprenons à en faire des œuvres, des poèmes, des notes, des couleurs.
Je pleure beaucoup, oui. Mais mes larmes ne sont pas des faiblesses : elles sont des pigments. Chaque douleur devient une nuance, chaque manque devient une forme, chaque souvenir devient un souffle d’inspiration. C’est dans la tristesse que j’ai appris à me connaître, et dans l’imaginaire que j’ai appris à respirer.
Alors aujourd’hui, je ne m’en excuse plus.
Je suis une âme artiste. Je pleure, j’imagine, je vis — parfois trop fort, parfois à contre-cœur. Et dans ce chaos, dans cette tendresse cabossée, je trouve ma lumière. Parce que c’est là, entre la douleur et la beauté, que naît la vérité de mon art.