J’ai cru que j’étais spéciale, putain.
Pas parce que t’as fait des trucs incroyables. Juste parce que t’étais là, un peu plus que les autres. Tu me regardais, tu me parlais, tu rigolais avec moi, tu me cherchais du regard. J’ai cru que ça voulait dire quelque chose. Parce que moi, j’ai pas l’habitude qu’on me voit. J’ai grandi en mode flou. J’étais la fille que personne remarque. Et toi, t’es arrivé, et d’un coup j’ai eu l’impression d’exister. J’étais pas invisible, pour une fois.
Mais toi…
Toi t’as jamais regardé la vraie moi. T’as vu ce que tu voulais voir. Un délire, un passe-temps, un égo boosté par une fille qui t’écoutait trop, qui analysait chaque geste, chaque mot, comme si y’avait un trésor caché derrière.
Et le pire, c’est que tu le savais. Tu savais l’effet que t’avais sur moi. Et tu t’en foutais.
T’étais là à jouer, à souffler le chaud, le froid, à frôler mes limites juste pour voir jusqu’où tu pouvais aller. À me faire croire qu’on partageait un truc, que j’étais différente.
Mais au final ?
T’as dit quoi ?
“Même pas potes.”
Genre j’étais rien. Même pas un minimum de respect. Même pas un “ouais, c’est quelqu’un de bien”. Non.
Rien.
Comme si j’avais rêvé toute seule, comme si tout ce que j’ai ressenti était ridicule. Comme si j’étais ridicule.