J'ai toujours eu une fascination pour les histoires et la poésie. Comme un besoin viscéral de reconstruire le réel, d'observer le monde et d'y trouver une poésie. Une poésie qui le rendrait plus joli et supportable. Un regard qui s'accroche à une feuille et une goutte d'eau qui y glisse comme sur un toboggan, des bouches d'égout qui dans la nuit de novembre semblent respirer... 	Petite, grâce à l'imagination, je me projetais dans mes histoires préférées. Et puis j'ai appris à écrire. En CE2, j'écrivais ma première histoire sur un cahier de brouillon vert. Seulement, je ne faisais pas qu'inventer l'histoire, l'orthographe aussi. Dyslexique, j'invente un peu mon propre langage. Mais à mesure des années, écrire devient plus fort que tout. Comme une respiration particulière sans laquelle j'ai l'impression d'être en apnée. Alors, la musique dans les oreilles pour insuffler du rythme dans mes phrases, j'ai continué à écrire. Dans l'écriture, je m'approprie le monde, je peux lui échapper, le transformer, le dénoncer, l'aimer et le vivre. J'aime donner vie aux personnages en papier, bâtir des univers à la seule force de ma pensée, rendre au réel sa poésie, et vivre cette sensation si étrange de puissance et de contrôle qui parfois est rattrapée par la volonté même de la plume.