« J'ai toujours connu Paris comme une grande amie que l'on aime côtoyer chaque jour, jusqu'à en être lassée. Puis, quand on s'en éloigne trop longtemps, elle nous manque à en pleurer. C'est pour cela que tous mes romans s'y déroulent, comme si, à travers mes mots, je pouvais m'y ancrer un peu plus ou la réinventer. Elle est mon terrain de jeu, là où tout commence et se termine. C'est là que j'ai connu mes bonheurs les plus éclatants, mais aussi mes douleurs les plus sourdes. Et comme Paris, j'aurais aimé être grandiose. Mais la vérité, c'est que j'ai toujours été peu trop loin de l'excellence. Pourtant, il y a une chose où je vacille un peu moins : conter des bouts de vies d'inconnus. Des vies que j'invente, que je façonne, jusqu'à ce qu'elles deviennent si familières qu'elles m'habitent, qu'elles m'envahissent et qu'il me soit douloureux de quitter.
J'ai toujours eu cette manie d'écrire des histoires comme on s'attarde sur des passants dans la rue, en leur prêtant des secrets qu'ils n'ont pas, des fêlures que je devine à peine. Mes personnages, eux, ont cette audace que je n'ai jamais eue. Ils font ce que je n'ai jamais osé, réussissent là où j'ai échoué, s'en sortent mieux que moi. Parfois, ils s'imposent, prennent le contrôle, racontent eux-mêmes leur propre histoire. Et je les laisse faire. Parce qu'au fond, ils savent mieux que moi où ils doivent aller.
Peut-être est-ce pour cela que j'ai toujours cherché à remplir ma vie, à la bousculer, à l'éprouver, pour avoir quelque chose à écrire. Mais depuis, des tragédies se sont passées, des maux et des mots se sont gravés. Écrire est un remède à mes névroses. On dit de moi que je suis folle. Je n'en pense pas un mot. Mais peut-être qu'ils ont raison, après tout. Je m'appelle Rachel Assous, j'ai éternellement 17 ans et j'aime le coca-cola. »