chère sarah.
j'utiliserai ce compte comme un petit journal de bord où j'y écris tous les quatre mois, mais bon. j'ai parfois besoin de me confier à toi, à t'avouer en secret - ou pas, si quelqu'un passe par hasard sur ce vieux compte - à tout dire et tout te montrer. même si tu ne dois pas savoir de quoi je parle, évidemment.
si tu savais comme c'est la vie, maintenant. et dire que tu penses que ta vie est déjà bien sans dessus dessous, là, aujourd'hui... les choses sont dures, mais les choses sont belles aussi.
j'écris, aussi. beaucoup, plus souvent, mieux que toi (prends le comme un compliment). l'histoire d'hiver et l'histoire d'été comme je les appelle. j'écris et je ne cesse de penser à toi, à tes personnages, tes minuscules idées de livres. je prends soin de tout ce que tu as laissé derrière toi. parfois, je dis aux autres que j'écris sur eux. en réalité, j'écris surtout sur toi, pour toi, seulement, je fais tout pour la fille que j'étais à treize ans. je ne sais pas comment le formuler, ce n'est pas très original, je crois que tout le monde dans la vie continue de vivre pour l'adolescent meurtri qu'il était à ton âge.
promis, tout ira bien dans la vie. en fait, ce n'est pas vraiment vrai. je pense qu'il faut perdre beaucoup de bagages avant de courir vers une autre direction. j'ai tout abandonné, tous m'ont quitté, et je cours vers la vie que je pensais plus avoir.
après des années d'absence, je suis cachée dans les bois, sous l'eau, j'attends qu'on me trouve. les battements de mon coeur résonnent dans mes oreilles ; ils disent, ils hurlent de joie, enfin enfin enfin.
j'écris. mieux que jamais. hier, je suis tombée sur un vieux brouillon oubliée d'histoire, et tu disais "325 mots, le chapitre le plus long que j'ai écris" et j'ai souris. j'ai fermé les yeux, je me suis imaginée me pencher vers toi dans ton sommeil et te dire "j'ai dépassé dix mille, vingt mille mots sur une histoire".
et puisque je ne veux le dire à personne, j'en parle à toi.
en secret.