Hier soir, un accident de voiture a failli me tuer. J'ai vécu ces célèbres secondes "Je me suis vue mourir, j'ai vu ma vie défiler".
J'ai cru que c'était la fin pour moi, et ça a bien failli l'être. Mais tout se joue à rien, ce n'était pas mon heure.
Le sentiment de voir sa mort imminente, d'en être impuissant est au delà de la peur et du désespoir. C'est inexplicable. Un mélange de résignation, de colère contre les secondes, une consternation dans laquelle tu ne peux qu'attendre que ta voiture s'échoue.
"Oh non, ne me dit pas que ÇA m'arrive à moi."
"Non ce n'est pas possible, ça ne peut pas m'arriver, pas maintenant, pas comme ça, pas à moi, si soudainement, pas ici, pas à cet âge là"
"Bon, c'est fini." On voit la fin de sa vie, de son existence, on voit le néant, on accepte la fin à contrecœur, on s'éteint de l'intérieur, après s'être battu mentalement, puis au moment du choc final, on voit ses proches, sa vie, ses projets. J'ai vu ma jeunesse, mon passé, mon futur castré, mon présent arraché, j'ai vu mes envies de voyage, j'ai vu mes sacrifices gaspillés, pour m'éteindre si bêtement, et j'ai ressenti la douleur de laisser derrière moi tout ceux que j'aime, à la façon donc je ne verrai plus jamais aucun visage que j'ai connu, j'ai dit adieu dans ma tête.
Je pleure en écrivant ceci, j'ignore pourquoi je vous le partage, depuis hier, ça me trotte en tête. J'ai continué ma vie directement, comme un robot, sous le choc. J'ai quand même été au travail ensuite etc. Et c'est une chance d'être épuisée, d'être là, d'avoir pleuré.
J'enchaîne, depuis, sans avoir pris le temps de raconter à mon entourage, ni d'y penser entre moi et moi-même. Je crois que j'avais besoin de vous le partager. Pour le matérialiser, le traiter, et l'extérioriser.
Et vous.
Je ne cesse de me dire "et si?"
Moi, la spécialiste des silences et des retards. Hier aurait pu être un infini retard, un inachevé à jamais.
Pus jamais d'histoire. Plus d'auteure, plus de fanfic, plus de suite.
