Il marchait, les yeux rivés au sol. Ombre de misère, invisible dans ce monde égoïste. Son long manteau noir, usé à l'extrême, frôlait lamentablement le sol. Une mère poussa discrètement sa petite fille sur le côté. Il l'avait remarqué. Qu'est-ce qu'on ignorait, lorsqu'on vivait du mauvais côté ?
Il s'était arrêté devant le lycée. Il en avait le temps, il n'allait nulle part. Son regard gris et fatigué parcoura la rangée de fenêtres pour s'arrêter sur la sixième. Il était là. Le garçon. Il n'avait jamais bougé depuis le début de l'année scolaire, à l'inverse de ses camarades. Peut-être que les professeurs n'avaient pas voulu lui faire changer de place ? Il n'en savait rien. Il n'était jamais allé au lycée et n'y irai probablement jamais. De toute façon, comment pourrait-il trouver sa place dans cet immense bâtiment et ces adolescents aux vêtements propres et bien repassés ?
Il poussa un profond soupir en passant une main dans ses cheveux bruns. Ils étaient sales et lui tombaient sur les épaules. La graisse les avaient rendus collants et il grimaça en se demandant depuis combien il n'avait pas pris de douche. Trop longtemps, comme toujours. Il tourna une dernière fois la tête en direction de la fenêtre. Les yeux du garçon croisèrent les siens. Ça avait été rapide, surprenant. Le garçon regardait toujours le ciel, jamais la rue. Après tout, le ciel était bien plus beau que la bassesse des hommes.