Tu pouvais encore entendre. Tu pouvais savoir. Tu n'avais plus la force de tenir tes paupières ouvertes, tes tempes se creusaient, tes doigts devenaient blancs, ta main glissait et tombait de la mange-machine, mais tu étais encore présente, tu entendais. J'aurais pu crier la vérité, crier le nom de Païkan, tu aurais su avant de mourir qu'il était près de toi, que vous mouriez ensemble comme tu l'avais souhaité. Mais quels regrets atroces, alors que vous pouviez vivre ! Quelle horreur de savoir qu'au moment de s'éveiller d'un tel sommeil, il mourait de ton sang qui aurait pu le sauver...
J'avais crié ton nom et j'allais crier : « C'est Païkan ! », mais j'ai vu ta clé ouverte, la sueur sur tes tempes, la mort déjà posée sur toi, posée sur lui. La main abominable du malheur a fermé ma bouche...
Si j'avais parlé...
Si tu avais su que l'homme près de toi était Païkan, serais-tu morte dans l'effarement du désespoir ? Ou pouvais-tu encore te sauver et lui avec. Ne connaissais-tu pas un remède, ne pouvais-tu pas fabriquer avec les touches miraculeuses de la mange-machine un antidote qui aurait chassé la mort hors de votre sang commun, de vos veines reliées ? Mais te restait-il assez de force ? Pouvais-tu seulement la regarder ?

La nuit des temps de Barjavel
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Story by Zinnia sauvage
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