Charlotte eut l'impression qu'elle allait s'effondrer au sol. Elle était soudainement prise de nausées, d'angoisse, et avait l'impression de ne pas pouvoir respirer. Son cerveau n'arrivait pas à enregistrer l'information. La jeune fille était confuse, consciente qu'elle était bien éveillée, mais que la réalité collait plus à un rêve, ou un cauchemar, qu'à quelque chose de possible. C'était comme se retrouver nez-à-nez avec un alien en tutu dans sa salle de bain.
Elle resta plantée là, la bouche ouverte, pendant de longues secondes, silencieuse, jusqu'à ce qu'Evan décide de prendre les choses en main.
- En quatre ans, tu n'as toujours pas fini ce bouquin ? Demanda-t-il en pointant le livre que Charlotte avait dans les bras.
La jeune fille fronça les sourcils. Quelle audace il avait de se pointer là, en faisant comme si de rien était, après tant de temps, et de critiquer ses passe-temps ! Une vague de colère monta en elle. Ce n'était pas vraiment au sujet de la remarque du garçon, pour être tout à fait honnête. C'était comme une accumulation de toute l'amertume qu'elle avait accumulé pendant ces années qui ressortait d'un coup.
- Tu devrais le lire, c'est pratiquement ton autobiographie à ce point. Répondit-elle froidement.
Le livre en question était son préféré. Le portrait de Dorian Gray, par Oscar Wilde. Wilde, dans ce livre, racontait l'histoire de Dorian Gray, un jeune homme particulièrement beau de l'extérieur, mais terriblement laid de l'intérieur. Charlotte considérait ce livre comme une lesson de vie et se remettait régulièrement en question, en suivant la morale de cette histoire.
- L'autobiographie est à la fois la plus haute et la plus basse des formes de la critique. Répondit Evan, avec un sourire en coin.
Charlotte le dévisagea pendant plusieurs secondes. Sa réponse était une citation du livre. La jeune fille l'avait lu tellement de fois qu'elle le connaissait quasiment par coeur. Mais Evan n'avait jamais été très intéressé par ses bouquins, donc le fait qu'il cite une phrase du chef-d'oeuvre était aussi choquant que de se prendre une gifle dans le visage.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Finit par demander la jeune fille, ignorant du mieux qu'elle pouvait la surprise provoquée par la citation.
Evan sourit et s'adossa à sa voiture. Il jeta un regard autour de lui, comme contemplatif, avant de ramener son attention sur la jeune blonde qui le fixait d'un air défiant.
- Si je me souviens bien, c'est moi qui t'aie amenée ici la première fois. Donc c'est à moi de te demander ce que tu fais ici.
Charlotte leva les yeux au ciel. Elle avait prévu de passer une journée relaxante. Tomber sur Evan ici était comme revoir le fantôme d'une personne qui nous a blessé, mais qui nous a aussi manqué. Tout sauf relaxant.
- Tu sais ce que je veux dire. D'ailleurs, pourquoi est-ce que tu m'as suivie comme ça pendant toute la semaine ? Demanda-t-elle.
Cette histoire de stalker lui était complètement sortie de la tête. Et même si sa peur avait disparu, la jeune fille n'avait pas beaucoup plus de réponses que la veille. Qu'est-ce qui avait bien pu pousser Evan à la suivre ainsi pendant plusieurs jours ? N'était-il pas la personne qui se faisait suivre constamment, que ce soit par des fans ou des journalistes ? N'était-il pas plus simple de lui envoyer un sms ?
Le garçon s'apprêtait à répondre quand la famille qui était descendue plus tôt passa près d'eux. Charlotte remarqua que plusieurs voitures s'étaient garées sur le parking et que plusieurs groupes s'apprêtaient à rejoindre le phare. L'air mal-à-l'aise, Evan baissa sa casquette, couvrant complètement ses yeux, et remonta le col de son sweatshirt. Après un moment d'hésitation, il ouvrit la portière de sa voiture et releva les yeux vers la jeune fille.
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L'ombre Des Projecteurs
Roman pour AdolescentsLe nom d'Evan est partout dans les journaux et il est difficile de trouver une personne qui n'a pas déjà entendu parler de lui. Ces trois dernières années, il a parcouru le monde et les plateaux télé, et a fréquenté les sphères les plus exclusives d...