Chapitre 11 [Yumi rentre à la maison, Odd sous le charme]

134 4 0
                                    

Ulrich lut le mot avec amertume. Il pouvait lui faire confiance, mais n'était-elle pas entrain de se jeter dans la gueule du loup ? Odd entra dans la chambre, frais comme un gardon, lavé et apparemment le ventre rempli.
-Bah alors ? Tu viens pas déjeuner ? Y'aura bientôt plus de croissants ? demanda-t-il, tout souriant.
Avant qu'Ulrich n'ait pu répondre, il enchaîna.
-Mais où elle est Yumi ? Elle est pas avec toi ? Aelita nous as dit qu'elles avaient été à la douche ensemble...
-Elle est revenue ici, mais elle est repartie chez elle. Ses parents vont s'inquiéter et..., justifia le samouraï en désignant le mot d'un geste.
-Et elle sent que c'est pas tout rose chez elle, c'est bon, j'ai compris ! Tu viens ?
-Non, je suis pas douché...et j'ai pas très faim...
-Ok...ahlala l'amour, ça peut même vous enlever tout appétit..., râla Odd en refermant la porte.

Yumi pénétra chez elle. Tout semblait étrangement calme...illusion ? Bien sûr que non...un cri provenant de l'étage supérieur le lui prouva. Elle soupira. Apparemment, ses parents ne s'étaient pas réconciliés, et Minako en voulait dur comme fer à son mari. Ca n'allait pas être facile...s'avançant dans l'entrée, elle aperçut son jeune frère, assis par terre, jouant passivement à sa console. Elle s'approcha de lui, en quête de réponses.
-Bonjour p'tit frère. Hiroki...comment ça se passe ?
-Hein ?
-Je veux dire...les parents.
-Depuis hier, ils s'engueulent...maman en veut toujours et encore à papa, dit-il, confirmant les pensées de sa sœur.
-Et papa ?
-Il se met en colère, et finissent encore plus fâchés qu'avant...
-Et...moi ?
-Toi, papa enrage...mais moins qu'hier...
Yumi blêmit.
-Merci Hiroki...
-De rien...soupira le jeune Japonais.
Yumi posa son sac à côté de lui, sachant qu'il n'y prêterait pas la moindre attention, et monta les marches, les muscles raides, et impuissant face à la peur et aux frissons qui la parcourait.
-Papa ?...maman ? murmura-t-elle, hésitante.
-Yumi ? Te revoilà enfin ! soupira sa mère de soulagement avant de l'enlacer dans ses bras.
Une autre voix, moins douce fendit l'air.
-Yumi ?!
Son père...lui allait être moins doux...son arme n'était pas la violence, mais ses paroles poignantes qui vous touchent en plein cœur...
-Comment as-tu osé me parler comme ça, dans la voiture ?
Yumi baissa la tête, sa mère prenant sa tête pour l'attirer contre elle. Minako lança un regard acéré à son époux.
-Ta fille n'a fait que dire la vérité. On souffre Takeo, tu comprends ? On souffre...et toi aussi. Tu ne te rends pas compte de te propre malheur...réagis, bon sang, réagis !
-Je fais ce que bon me semble, Minako ! Et je ne supporterais pas que ma fille me parle sur ce ton si peu respectueux !
-Il n'était pas irrespectueux ! ne put s'empêcher de crier Yumi.
-Tais toi ! Tu n'as rien à dire, Yumi...va dans ta chambre, tu es consignée. Tu vas comprendre qu'une Japonaise doit se montrer obéissante, et respectueuse de ses parents.
La jeune fille ne dut d'autre choix que de partir doucement vers sa chambre, sous le regard compatissant de sa mère. A peine la porte fut fermée, que les cris recommencèrent. Yumi soupira et tout en s'allongeant sur son lit, elle regarda son portable. Un message d'Ulrich...

J'espère que tout va bien chez toi.
Si jamais tu as besoin, hésite pas, je peux toujours venir te chercher...
Je serai tjr là pour toi, je t'aime.
Ulrich
Sa tête se reposa sur son oreiller, serrant contre sa poitrine le portable. Elle réfléchit puis finalement, répondit à son sms.
Pour l'instant, c'est pas génial,  je suis punie. Si ça continue à mal aller,  je te préviendrais...
Je t'aime, bisous.
Yumi

Elle soupira à nouveau, et se décida à dormir un peu, histoire de se reposer, et de ne plus entendre les querelles de ses parents. Elle ferma les yeux en quête de sérénité et l'image d'Ulrich apparut à son esprit. Elle allait se résigner quand on frappa à sa porte.
Sa mère entra et referma rapidement mais sans bruit la porte derrière elle.
-Il ne faut pas lui en vouloir tu sais...
-Mais je ne lui en veux pas, ironisa Yumi.
-Chérie...je sais combien la vie d'ado est dure...
-Tu l'as été aussi, comme tout le monde, je sais maman...
-Il faut que tu comprennes que ton père ne jurait que par Tomas, on disait d'eux que c'était des frères...puis il y a cette fichue rumeur...ça a tout cassé...oh, si tu savais...
-Je le devine...
-En ce moment, ton père est dans notre chambre, il réfléchit...j'espère bien qu'il va prendre la bonne décision cette fois...
Yumi ne répondit rien. C'était l'une des rares fois où sa mère parlait de son père avec elle...souvent, leurs problèmes intimes ne faisaient jamais figure de conversations lors des repas...La jeune fille sentit un bras se passer autour de son cou puis un deuxième et sa mère la serra contre elle. Elles restèrent ainsi, toutes les deux, pendant de longues minutes.
-Bon, je vais aller préparer le déjeuner...tu veux quelque chose de spécial chérie ?
-Ce qui te passera par la tête...peut importe.
-D'accord...
Déposant un dernier baiser sur le front de sa fille, Mme Ishiyama sortit de la pièce aussi silencieusement qu'elle y était entrée.
Quelques minutes plus, un « à table » rappliqua la famille dans la cuisine, chacun se gardant bien d'ouvrir la conversation. Yumi jouait avec son riz, contruisant peu à peu « Ulrich » dans son assiette. Mais un regard jeté à son père, et elle effaça le mot. Elle finit précipitamment et demanda la sortie de table, suivie de peu par son frère. Ils montèrent en silence à l'étage, s'enfermant dans leur chambre. Mais en fait, chacun tendait l'oreille pour entendre un quelconque début de discussion sur ce qui s'était passé. Au moment où Yumi allait abandonner, son père lâcha.
-Tu sais Minako...je...
-Je sais Takeo. Je sais...
-Demain...je l'appellerais...
Aucune réponse. Mais pour les enfants Ishiyama, leur mère souriait sûrement. D'ailleurs, le silence régnait. Yumi décida de ne plus écouter, respectant leur intimité. Elle avait entendu le principal à l'essentiel...composant rapidement un message, elle l'envoya le sourire aux lèvres, rassurée...la balle était dans le camp des Stern...
Dans la chambre des deux amis Lyokoguerriers, un jeune brun lisait distraitement sans vraiment voir les mots qui défilaient sous ses yeux...un bruit attira son attention. Son portable émettait une petite lumière : et pas n'importe laquelle, celle des messages. Il le prit et lut. Un sourire étira son visage et répondit rapidement à sa belle. Le livre fut jeté sur le bureau, remplacé bien vite par le journal intime... 

Vie AntérieureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant