Chapitre 3 [Vérité, Amour]

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Elles s'installèrent toutes les deux à la table face à face, Yumi attendant son récit impatiemment.
-Voilà, alors...il faut que tu saches que...Mme Stern...
-Lilli ?proposa la jeune fille.
-Oui, Lilli...elle et moi nous étions...(prononçant ce mot, des larmes perlèrent à ses yeux), enfin, je veux dire euh...
-Vous êtes toujours amies ?
-Oui...ce sont les relations de Tomas et ton père qui ont changé..., alors, Lilli et moi, nous étions très proches. Nous nous sommes connues au lycée comme les hommes. Les meilleurs amies du monde, tu sais...Puis le hasard a fait que, l'espace d'un soir, nous étions sorties en boite toutes les deux, et nous les avons rencontré...c'était vraiment une coïncidence...un Allemand, un Japonais...c'était magique pour nous, on pensait que c'était le destin. Puis, bah, le coup de foudre bien sûr, tu les aurais vu nous draguer...la soirée s'était superbement passée, et nous sommes rentrées envoûtées.
On s'est revu puis rapidement, on s'est mariés. Deux très belles cérémonies...c'était magnifique...ton père et Tomas ont monté une entreprise, aujourd'hui celle que dirige toujours le père d'Ulrich. Nous, nous sommes partis au Japon monter la partie Japonaise, si tu veux, tandis que les Stern s'occupaient de la française. On a fait beaucoup d'aller et retour entre la France et le Japon. Puis, quand je suis tombée enceinte de toi, on est restés un peu plus en France, généralement, ça prenait 2 semaines, là ce fut 2 mois. Je voulais profiter de Lilli. Et vers 7 mois, on a repris l'avion pour aller à la maison. J'ai accouché avec Lilli , ils étaient venus au préalable avant...c'est après ta venue au monde qu'elle m'a annoncé qu'elle était enceinte...on était heureux...tout simplement...tu as grandi, et Ulrich est arrivé...tu as vu la cassette ?
-Oui...souffla Yumi qui était plongée dans l'histoire de son enfance.
-Il était mignon comme tout, comme toi à la naissance...je me rappelle comment tu sautais partout quand on te disait qu'on allait en France pour aller les voir. Tu étais dingue d'Ulrich !
Yumi rougit...vraisemblablement, ils étaient faits pour être ensemble...de près ou de loin elle aimait Ulrich...
-Et bien, oui...sans doute...
-Ne fais pas cette tête, Yumi...j'espère que cette histoire ne gâchera pas votre relation. Au contraire, elle doit la renforcer, vous êtes si proches...
-Je sais maman...je sais. Continue s'il te plait. Comment ça se fait que ses parents soient mon parrain et ma marraine ?
-Tout simplement parce qu'à ton baptême, ce sont eux que nous avons choisi. Ton père est le parrain d'Ulrich aussi...et je suis sa marraine.
-Ouah...c'est...ça me paraît impossible.
-Ca, c'est parce que tu as toujours pris Ulrich pour quelqu'un d'autre, tu t'es toujours imaginé que nous ne les connaissions pas et qu'ils étaient des étrangers. Pour toi, c'est impossible en effet qu'il y ait eu quelque chose entre nous.
-Je dois te dire que oui...c'est...mais et Ulrich ? Il le sait pas non plus, hein ?
-Si ses parents ont respecté ce que nous avions dit...oui.
-Quoi, comment ça ?
Sa mère soupira, apparemment, elle ne voulait pas ressasser ses mauvais souvenirs.
-Quand tu avais 5 ans, Ulrich 4, il y a eu une crise dans l'entreprise. Une histoire bizarre...Des rumeurs ont couru comme quoi Takeo et Tomas, chacun de leur côté, se sont fait passés pour les propriétaires légitimes de l'entreprise.
-Ah bon ? Mais...ils ont pas pu...
-C'étaient des rumeurs Yumi. Malheureusement, je me rappelle très bien quand ton père a apprit que Tomas s'était proclamé le dirigeant de l'entreprise, comme si il n'était pas là...enfin, c'était faux bien sûr. Toutes les deux, Lilli et moi, nous savions que c'était faux. Il y a eu une grosse dispute...ça s'est calmé, mais chacun se méfiait de l'autre...comment voulais-tu vivre avec ça...ils se disputaient pour un rien, leur complicité s'était envolée...tous les soirs, ton père pleurait en silence de la perte de son ami...
-Et après ?
-Après, ils ont décidé de couper les ponts...
-Mais vous ne vous êtes pas interposées toi et Lilli ?
-Tu connais ton père...et Tomas est du même genre. Il fallait bien suivre même si on savait que c'était horrible de se quitter comme ça...nous nous sommes jurés de ne rien vus dire, de tout oublié...des fois, il m'arrive de prendre le téléphone et d'essayer d'appeler chez les Stern...mais ils ont changé le numéro. Je suis tellement malheureuse...perdre Lilli fut horrible.
-Tu ne l'as pas perdu maman. Je suis sûre qu'elle pense à toi, comme toi tu le fais...
Yumi serra sa mère dans ses bras, alors que celle-ci pleurait doucement contre l'épaule de sa fille.

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