Vampire esseulé dans une prison dorée

Audience

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Peu de temps après cette rencontre, alors que le prince était perdu dans ses pensées, quelques coups frappés à la porte le firent sursauter. Il se redressa sur sa chaise en fixant la porte, les doigts serrés sur la plume qu'il tenait, avant de soupirer de soulagement en ne voyant entrer qu'un garde et non pas le régent.

- Vous êtes attendu en salle d'audience votre majesté, veuillez vous préparer avant que je ne vous y conduise.

Acquiesçant d'un petit signe de tête, Strast partit rapidement se changer, hésitant un instant comme il ne savait pas pour quelle occasion se tenait cette assemblée. Il finit par enfiler le premier costume qui lui parut convenable, puis revint rapidement à la porte.

- Nous pouvons y aller monsieur.

Soulagé de ne pas voir de surprise dans son regard, qui aurait traduit un mauvais choix vestimentaire, il suivit donc le plus grand en trottinant un peu derrière lui.

Il entra finalement dans la salle, esquivant autant que possible les regards qu'on lui lançait, et alla s'installer à la place qui lui revenait, aux côtés du régent. Faisant de son maximum pour ne pas s'en préoccuper, le prince garda son regard fixé droit devant lui.

Cependant, l'inquiétude que lui procurait la proximité avec le régent fut en partie occulté par la surprise de voir sa rencontre de veille s'avancer avec aplomb jusque devant eux. Elle esquissa une petite courbette courtoise avant de prendre la parole.

- Messires, je me présente pour répondre à votre appel. On m'a dit que vous cherchiez une enchanteresse, et je peux prétendre à ce titre.

Pris de court, Strast ouvrit de grands yeux, se tournant même un instant vers son précepteur sous la surprise. Depuis la malédiction, il n'y avait plus eu d'enchanteur ou autres magiciennes au château, et même dans les alentours, on préférait éviter ce genre de magie. Alors pourquoi faire venir de France une autre enchanteresse maintenant ?

Le régent se redressa finalement et pris la parole en anglais également, faisant passer quelques murmures parmi les nobles de l'assemblée ne connaissant pas cette langue.

- Vous prétendez à ce titre, mais j'aimerais savoir d'abord jusqu'où s'étendent vos capacités mademoiselle.

- A votre guise monsieur. Sourit-elle tranquillement, omettant volontairement de lui donner un titre. Je sais guérir maladies et maux, rendre aux objets vieux ou usés leur prime jeunesse, créer des illusions et percer à jour ce qui font de même. Je pourrais continuer mais ce serait entrer dans des détails inutiles. Cela vous convient-il ?

- Tout cela me paraît très intéressant, mais dites-moi. Pourriez vous dénouer le travail d'un autre ? Tança-t-il avec un sourire également, et à cet instant Strast comprit pourquoi. Vous n'ignorez sans doute pas que notre prince est touché par une malédiction lancé sur son aïeule. Je vous serez fort grès de parvenir à l'en débarrasser.

La jeune femme réfléchit un instant, avant d'hocher lentement la tête, reposant ses yeux sur le jeune prince.

- Les malédictions sur plusieurs générations sont difficiles à contrer sans le point d'origine. Cependant, celle dont vous me parlez est incomplète, et donc plus fragile. Je pense avoir les capacités pour la briser.

Le régent accentua encore un peu son sourire l'air appréciateur, avant d'esquisser un petit signe de tête.

- Très bien, vous me semblez convenir. On vous montrera l'atelier et les appartements de votre prédécesseur. Je vous pris tout de même d'apprendre notre langue au plus vite.

- Ne vous inquiétez pas pour cela, le prince s'est déjà proposé pour mon apprentissage.

Les deux se figèrent en entendant cela, Strast venant immédiatement la fixer, la suppliant presque en silence de ne rien ajouter. Mais elle ne le regardait pas, les pupilles fixées sur le régent.

- Je pense que le prince a bien mieux à faire de son temps que de jouer au professeur mademoiselle.

- N'ayez crainte, ce temps ne sera pas perdu pour lui. Je lui enseignerai l'anglais en parallèle, j'ai cru comprendre qu'il souhaitait améliorer le sien.

Nerveux, Strast se tassa un peu plus au fond de son siège, se demandant à quoi elle jouait.

- Il n'a pas besoin d'un tel enseignement vu la distance qui nous sépare de l'Angleterre.

- Cela monsieur, je pense que c'est à lui d'en décider. Il est assez grand pour choisir son éducation vous ne pensez pas ? A vrai dire, il me paraît même en âge de prendre la couronne, je suis étonnée de vous voir occuper un tel rôle.

Sur le point de perdre son calme, le régent ordonna au traducteur qui continuait son travail à mi-voix de se taire, la fixant un instant avant de se redresser une nouvelle fois.

- Puis-je savoir à quoi vous jouez.

- Moi ? Mais à rien monsieur. S'il vous fallait un dernier argument, j'ajouterai qu'il est plus facile de briser une malédiction en observant la personne qui en est victime.

Le silence se fit dans la salle quelques secondes, le regard du prince passant de l'un à l'autre, ne se souvenant pas avoir vu le régent perdre ainsi son sourire en public.

- Soit. Le prince aura donc l'autorisation de vous aidez dans votre apprentissage. Vous pouvez disposez.

Et il partit d'un pas vif, ignorant le brouhaha de la cour qui s'interrogeait sur les tenants et aboutissants de cette discussion dont ils n'avaient pas tout saisi.

Quand à Strast, il eut juste le temps de capter un sourire de leur nouvelle enchanteresse avant qu'on ne vienne les chercher, chacun pour les conduire à leurs appartements.

Sur le retour, il se sentait étrangement détendu. Pour une fois, quelqu'un dans ce château semblait le soutenir. Cela faisait du bien.

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