Saifaddine.

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Zeyna s'était réveillée de bonne heure. Elle avait laissé un mot sur la porte du réfrigérateur pour Mahira : « je suis sortie, je t'ai laissé mes clefs, ferme derrière toi et met la clef sous le paillasson. »

Après être arrivée devant la fac, elle pris une grande inspiration et se dirigea vers une des personnes inscrites sur la liste de M.Deland. Elle marchait d'un pas hésitant et songeait à sa replique : « bonjour euh non non, hey salut orhhhh non. Bonjour je- orh ». Sans s'en rendre compte elle se trouvait déjà devant Lea Gourville, la fameuse camarade.

Lea : euh ouais ??
Z: euh bonjour euh je-
Lea: presse toi j'ai pas le temps là...

Lea était une de ces enfants gâtés que tout le monde déteste et adore à la fois. Zeyna ne pouvais supporter ce genre de personnage, elle qui était née dans une famille si pauvre. Un fond de critique et d'envie pris naissance en elle le jour où elle découvrit que la société était faite de privilèges et de discrimination.

Z: je dois choisir un binôme et on est plus que 4 du coup j-
Lea *coupe la parole*: je me suis mise avec Margaux. Donc toi tu seras avec le dernier élève, bonne chance il n'adresse la parole à personne, même pas à moi haha.

Zeyna restait souriante face à cette fille, elle était si douce et bienveillante que même les personnes les plus incorruptibles lui semblaient dignes de mériter sa gentillesse.
Elle répétait sans cesse à Mahira « ne t'afflige pas pour eux, sourit ! C'est sunna ».
Elle s'éloignait alors de Lea, pensant à comment elle pourrait parler au dernier élève sur la liste : Saifaddine BenOumar.

Plus tard, Zeyna se rendait à l'administration. Un garçon attendait juste derrière elle.

Dame de l'administration :  Mademoiselle Abd-
Z: IbnAbdelAli oui c'est moi bonjour.
Dame de l'administration : oui alors je vous donne votre dossier de bourse c'est à rendre dans 2 semaines maximum d'accord ?
Z: oui merci beaucoup au revoir
Dame de l'administration: alors c'est au tours de monsieur BenOumar Saifaddine ??

Zeyna s'arrêta automatiquement, c'est lui ? Elle doit lui parler et lui demander de faire l'exposé avec elle. Elle attendit un instant à côté de l'administration. Elle se retrouva face à lui et regardait vers le sol.

Z: bonjour, tu es Saifaddine ?
S: euh oui ?
Z: je je suis Zeyna et-
S: on t'a jamais dis de regarder les gens dans les yeux quand on leur parlait Zeyna ?

Zeyna ne regardait jamais les hommes dans les yeux, elle n'arrivait pas. Sa mère lui disait souvent qu'il s'agissait de la plus belle forme de pudeur.

Z: je- désolée mais quoi qu'il en soit je- il y'a un exposé à faire en psycho, le sujet est la solitude et du coup je voulais savoir si tu voul-
S: pourquoi je ferais un exposé sur la solitude ?? Pourquoi tu me demandes ça à moi ?! Je ne suis jamais seul et puis ça m'intéresse pas.
Z: mai-

Il se dirigea aussitôt vers la sortie de la fac, laissant Zeyna seule, sans binôme.

Quelques heures plus tard, Zeyna se rendit à la bibliothèque de la fac afin de commencer son exposé... « avant toute chose il faudrait au moins que je m'achète de quoi manger » se dit-elle.
Elle décida alors de se rendre à l'épicerie, de l'autre côté de la rue.
Zeyna ne s'y était jamais rendu, et pour cause, elle n'achetait rien pour manger. Elle était très économe et préférait manger les restes de repas de la veille dans une petite boîte.

Sa nature très timide la poussait à réfléchir avant même de rentrer dans l'épicerie. Elle se décida à rentrer, pris un sandwich au thon et passa à la caisse. Quelle fut sa surprise lorsqu'elle vit que Saifaddine était le caissier.

S: t'es encore venu me convaincre d'être en binôme avec toi ?
Z: no- non je veux juste acheter ça pour manger.
S: je vois.

Saifaddine a toujours été froid, nerveux et insolent. Son ton est monotone, il ne sourit pas, ne fronce pas des sourcils, ne pleure pas. Il était agacé de voir Zeyna baissant les yeux devant chaque homme. Sa nature observatrice lui permettait de voir que celle-ci était pieuse et calme. Il était énervée de la voir parce qu'elle représentait ce qu'il n'a jamais pu être, une personne apaisée. Ses long cheveux bruns, son visage parfait, sa bouche pulpeuse et sa petite taille ne le laissait pas indifférent certes, mais sa nature inaccessible et sa profonde gentillesse éveillait en lui une rage, une jalousie, une envie de...

Z: écoute je sais que tu ne veux pas et moi non plus ! Mais la solitude est le dernier sujet d'exposé et-
S: tu parles trop.

Zeyna sentit son coeur se serrer à tel point qu'il pourrait exploser à tout moment.

Z: très bien ! C'est tant pis pour toi tu auras un 0/20 qui contera pour tes partiels.

Il leva la tête, vu les joues de Zeyna rougir, sa respiration s'accélérer... elle était énervée ??
Il sourit, voir Zeyna dans une situation où elle ne contrôlait pas ses émotions était si plaisant. C'était la première fois, en 1 mois d'observation qu'il la vit écouter son courroux.
Mal grès tout, elle ne le regardait toujours pas dans les yeux, elle fixait le sol comme si elle avait peur de lui.

S: tu as peur de moi ?
Z: je- il n'y a aucun rapport !

Il y aurait de quoi avoir peur, Saifaddine était grand, très grand. Du haut de ses 1m57, Zeyna ne pouvait que se sentir en danger face à lui. Il était si grand qu'elle ne pouvait à peine apercevoir le bleu de ses yeux. Sa carrure était imposante, il avait de larges épaules mais restait assez fin. Son sourire en coin énervait de plus en plus la jeune femme, elle avait l'impression qu'il se réjouissait de sa colère.

Cependant, Zeyna repris ses esprits: « la colère est l'ennemie du croyant ». Elle répétait cette phrase à chaque fois qu'elle était sur le point de d'éclater de colère.

S: je veux bien. Je préviendrais M.Deland.

Elle leva la tête, le teint illuminé, un grand sourire puis baissa les yeux aussitôt. Il avait vu ses yeux durant un quart de seconde. Ses yeux était d'un marron profond, brillant, en amande, légèrement tirés, ils étaient si beaux. Il voulait les revoir.

Iqra. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant