Note : Attention aux spoilers : cet OS est destiné à ceux qui ont lu le roman de TGCF car il révèle une partie du passé de Hua Cheng. Pour rappel, les personnages ne m'appartiennent pas mais je reste leur humble fidèle.
***
Les fantômes n'ont pas besoin de dormir. Pourtant, alors que la Ghost City s'active avec frénésie, Hua Cheng se prélasse dans un riche lit à baldaquin. Il ne dort pas : il veille religieusement sur l'homme assoupi à ses côtés. Personne n'oserait les déranger, ainsi étendus l'un contre l'autre. Sur les draps, la robe blanche de l'endormi tranche avec le rouge éclatant que porte le roi fantôme.
Depuis que Xie Lian a fermé les yeux, Hua Cheng l'observe de tout son saoul. Ce fascinant spectacle s'offre à lui tous les soirs et il ne s'en lassera jamais. Le souffle régulier et paisible du dormeur caresse sa peau, respiration après respiration. S'il n'était pas déjà mort, ce simple geste d'intimité aurait eu raison de Hua Cheng.
Quand les sourcils de Xie Lian se froncent imperceptiblement, Hua Cheng reconnaît les signes avant-coureurs d'un cauchemar. Il se hisse sur un coude et autorise ses doigts de jade à frôler tendrement le front du jeune homme.
― San Lang...
Même dans son sommeil, Xie Lian devine la présence de son aimé. Automatiquement, le fantôme attire à lui la divinité endormie et la laisse se lover au creux de ses bras. Il écarte au passage quelques mèches rebelles de son beau visage. Hua Cheng s'incline vers celui qui a prononcé son nom. D'un même geste, Xie Lian se redresse. Ils sont comme deux aimants qui s'attirent inconsciemment.
― Danxia... lui répond Hua Cheng, avec ferveur. Ne sois pas effrayé...
Une ancienne mélodie s'échappe des lèvres de Hua Cheng. Les intonations dans sa voix se font tendres et nostalgiques.
Xie Lian soupire et tous deux se laissent porter par la chanson : Xie Lian sombre dans le sommeil alors qu'Hua Cheng éveille ses propres souvenirs...
*
― Tu as fait un mauvais rêve, Hong Hong-Er...
Le jeune garçon ouvre les yeux et fixe sa mère d'un air hagard. Elle est face à lui et l'observe avec intensité.
― Je suis là. Tu n'as rien à craindre.
Seule la respiration saccadée de Hong-Er se fait entendre. Le chant du coq qui annonce le retour du soleil n'a même pas encore déchiré le silence de la nuit. Il est encore tôt : ses frères et son père sont assoupis à quelques mètres d'eux.
― Parle-moi de ton cauchemar... et il disparaîtra, souffle sa mère en s'allongeant près de lui.
Elle enroule ses doigts autour d'une mèche de cheveux du garçon. Son sourire, confiant, fait oublier à Hong-Er la frayeur qu'il a ressenti quelques instants plus tôt.
― Ce n'était pas un cauchemar... répond Hong-Er, d'une petite voix. C'était la réalité.
Les gestes tendres de sa mère se stoppent subrepticement. Le sourire dans ses yeux disparaît également. Pour autant, l'expression affichée sur son visage se veut rassurante. Cette nuit, Hong Hong-Er a rêvé qu'il se faisait insulter et battre à mort par les enfants du voisinage. Ils le traitaient de monstre et le frappaient avec des bâtons jusqu'à ce que le sol prenne la même couleur rouge que son œil droit.
― Sois fier de la personne que tu es...
Sans qu'il ne lui explique avec des mots, sa mère comprend. Elle dépose un baiser sur le front de son fils, dont la moitié du visage est masquée sous d'épaisses bandes de tissu. Seule sa mère ne craint pas de le toucher. Aussi, Hong Hong-Er se laisse faire. Le gardant dans ses bras, elle se lève et l'emmène à l'extérieur de leur maison. C'est un de leur moment privilégié, rien qu'à eux. Au dehors, le soleil se lève lentement, aussi flamboyant que la robe que porte sa mère. Les éclats argentés des rayons se reflètent sur le collier qui orne la poitrine de la femme. Hong-Er retient son souffle : il trouve sa mère magnifique. Si seulement il tenait davantage d'elle que du monstre...
VOUS LISEZ
Abyss
Фанфик"Je ne suis pas au Paradis et pourtant je t'ai trouvé, Toi, mon étoile solitaire" Le garçon fronce les sourcils alors que sa mère traduit les paroles de la chanson dans la langue de Xianle. En voyant son expression, un rire s'échappe des lèvres de l...