Le chasseur de rêves

Chapitre 1

Zoé

La brise me caresse les cheveux et les rayons du soleil réchauffe ma peau. Je profite du temps que me procure cet été radieux. Mes mèches virevoltent au gré du vent. Assise sur un banc, je dessine, crayon en main, les traits de cet enfant sous mes yeux. Il joue à en pleurer de rire et s'amuse avec ses amis. La bouille d'ange de ce garçon attendrit mon cœur. Sa crinière rousse est décoiffée et accentue son petit air sauvage.

Ses rires déployés envahissent les lieux. Le parc est un endroit parfait pour s'inspirer des promeneurs. Mes lèvres trahissent un sourire lorsque les petits cessent de jouer pour manger leur glace. Cette scène est parfaite. J'en oublierai presque mes problèmes quotidiens.

Le mois de juin arrive sur sa fin. L'espace est bondé de passants et de touristes, en particulier à cette heure de pointe. Ils grouillent sur mon champ de vue et m'empêche subitement de terminer mon portrait. J'ai terminé ma journée de travail plus tôt et j'ai voulu profiter de ce temps livre pour décompresser. En vain, le petit garçon s'en est allé et mon croquis est entamé qu'à moitié.

Je soupire et cherche du regard une autre personne pour dessiner. Le dessin a toujours été une passion et celle-ci s'associe très bien avec mes études de stylisme.

— Alors, petit ours, tu t'amuses ? me lâche Niños, mon meilleur ami.

J'envie, depuis toujours, son teint mate et sa belle chevelure ébène, aussi longue que la mienne. À ses côtés, je ressemble à une irlandaise tant ma peau est blanche et le reflet roux de mes mèches brunes a tendance à repousser mes conquêtes. J'en suis presque embarrassée. Quand les hommes ne remarquent pas ma présence, Niños, lui, a une centaine de filles à ses pieds. Elles sont toutes sous son charme, mais ce qu'elles ne savent pas, c'est que Niños a un penchant pour les hommes.

— Oui, regarde !

Je lui montre mon cahier, fière de mon travail. Même si l'enfant n'est pas terminé, tous mes autres dessins sont faits. Il le feuillette avec attention. Ce dernier me soutient dans chacune de mes démarches, surtout dans ma passion. Mon père n'accepte pas mon choix d'orientation, pourtant, le stylisme représente tout ce que j'aime le plus. Il me permet de coucher sur papier toutes mes idées et de créer mon propre style. J'ai aussi profité de ce don pour porter chacune de mes créations qui oscillent entre les couleurs flamboyantes et mon goût pour les vêtements indiens. Jamais je ne voudrais ouvrir une collection chez Hugo Boss ou Chanel, trop sérieux selon moi. Les tenues éclatantes m'attirent plus et apportent une touche de piment en été comme en hiver. Toutefois, depuis deux mois, l'inspiration me manque.

Je me recroqueville donc sur mes portraits et mes projets.

— C'est magnifique. Tu devrais proposer tes services pour boucler les fins de mois !

Niños et moi habitons dans le même appartement pour partager les charges. Je travaille chez un marchand de glace, le temps d'être embauchée dans une entreprise en tant que styliste, et lui, préfère préparer les cafés. Mon meilleur ami a étudié les langues pendant des années, cependant, il manque de places sur le marché du travail. L'espoir que nous avions en entamant nos études s'est évaporé une fois le diplôme en main. La vie s'avère bien plus compliquée maintenant.

— Non, c'est de l'entraînement. Bientôt, je créerai...

— Ma ligne de vêtements, je sais, plaisante-t-il.

Je lui donne un coup de coude amical. Il me connait sur le bout des doigts. Niños sait à quel point j'angoisse à l'idée de ne rien soumettre. Une des plus grosses marques au monde, American Eagle, lance un concours. Elle souhaite accueillir un nouveau talent au sein de l'équipe pour rafraîchir leurs nombreuses collections. J'espère au plus profond de moi avoir mes chances. Débuter ma carrière professionnelle chez eux me permettrait d'être auprès des plus grands. Ce serait tout simplement incroyable !