Prologue

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Ces murs sont là, depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Ils l'étaient à ma naissance et le seront à ma mort, très prochainement.

À sa construction, la Zone devait nous protéger. Elle a fini par nous tuer. Un espace encerclé d'infranchissables murs, tenu sous haute surveillance, destiné à enfermer les pires criminels. Telle fut la décision du 1er empereur devant un pays au taux de criminalité alarmant. Les prisonniers étaient condamnés à y rester, confinés entre eux dans les pires conditions. Ils s'étaient entre-tués, chacun voulant faire régner sa loi sur cet espace. Seulement, certains, plus réfléchis, avaient préféré se tapir dans l'ombre, échafaudant leur sortie.

C'est seulement lorsqu'ils ont commencé à se rassembler, à devenir plus nombreux, que le gouvernement a eu peur d'un soulèvement, peur qu'ils s'en prennent à nous, à eux. Alors, la loi des vingt-et-un ans a été établie.

« Toute personne vivant dans l'enceinte de la Zone ne devra dépasser les vingt-et-un ans. Chaque année une campagne d'injection sera organisée afin d'assurer une mort paisible et indolore aux détenus ».

Cette loi me coûtera bientôt la vie.

Car, à son accession au pouvoir, le nouvel empereur trouva une utilité toute autre à cette prison à ciel ouvert. Utilité qui condamnait des centaines d'innocents. Il voulait se débarrasser de tous les rebuts de la société, tous ceux qui faisaient taches et cela commençait par les voleurs, les brigands de pacotille jusqu'aux orphelins qui jonchaient les trottoirs. Avoir un enfant est illégal ici. Cela n'a plus d'utilité depuis que les scientifiques ont établi le système de procréation artificielle. On crée sur commande de parfaits enfants, sans défaut, ni malformation. Certains ont enfreint la loi. C'est comme ça que je suis née.

La Zone a servi de débarras au pays. Ce que je sais, je le dois à des livres que j'ai récupérés. Bien sûr, on n'y parle pas des orphelins ou des enfants qu'ont pu avoir les prisonniers. Ça, c'est Ela qui me l'a raconté. Ela. Dans 180 jours, je la reverrai. Après onze ans d'absence. Je ne cesse de me demander ce qui m'attend. Je n'ai pas peur de la mort. J'ai peur de l'inconnu.

Après tout, on ne meurt pas tout les jours.

Zone tome 1 : Si tu me suisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant