Jour 1

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 Dans une commune de Haute-Savoie au pied du Mont Blanc, deux nobles familles vivaient depuis de nombreuses années, les Tournemires qui habitaient dans le château à la lisière de la forêt du village et les Tyrel de Poix habitant dans une grande maison de maître au centre du village non loin de l'hôtel de ville. Ces familles étaient en rivalité depuis très longtemps, la querelle remontait sûrement au Moyen-Age. Dans cette commune, comme dans toutes les communes, tout le monde se connaissaient et tout le monde connaissaient les potins du jours en allant chercher le journal dans le bar-tabac du village tenu par Dédé ou en allant chercher le pain à la boulangerie de Simone en bas de la vieille calade collée à la mairie. Un village très chaleureux et accueillant où tout le monde étaient le bienvenu jusqu'à ce qu'un meurtre vienne assombrir ce joli tableau convivial, un meurtre qui va éveiller la curiosité de chacun.

Un hurlement. Puis, le silence. Des bruits de pas précipités sur les dalles en pierre froide recouvrant le sol du château des Tournemires. C'était le cri de la vieille tante Thérèse qui venait de résonner dans le domaine et le reste de la famille accouru à son secours, réveillé par ce cri à l'aube. Dehors, le froid, la rosée sur l'herbe fraîche dans laquelle se roula tranquillement le chien de la famille comme si de rien était, un ciel rosé où on pouvait apercevoir un semblant de soleil qui apparaissait derrière la montagne face au château. Tout le monde se retrouva en bas des grands escaliers à chercher du regard la silhouette de Thérèse sans la trouver. Alors le cadet de la famille se mit à courir dans tous les recoins du vaste jardin pour la retrouver. Du côté de la forêt, rien, du côté du jardin d'Étienne, le père de l'enfant, il n'y trouva rien. Il continua ses recherches tandis que les autres s'y mirent aussi, là, on entendit la sœur d'Étienne crier :

- Par ici !

Tout le monde accourut. Elle se trouvait sur le ponton en bois qui permettait de traverser le ruisseau et d'accéder à un vieux chêne centenaire que la soeur montrait du doigt. Ce vieil arbre était bien connu dans le village, tous les habitants étaient persuadés que Thérèse, ou la vieille sorcière, comme on l'appelait dans le village, y organisait des séances d'invocations d'esprits, certains disaient même qu'elle y faisait des sacrifices pour faire un pacte avec le diable, enfin bref, des potins de villages sûrement.

En arrivant sur le pont, tout le monde découvrit le corps de la vieille tante Thérèse étendu au sol, entouré dans son châle bleu nuit dans lequel on avait l'habitude de la voir. En allant à son secours, Louis, l'enfant Tournemires, leva la tête et écarquilla ses yeux sous une vision d'horreur. Son père, Étienne de Tournemires, était debout dans le creux de l'arbre, avec un teint blafard et morne, sans expression, comme figé. Le reste de la famille arriva et tous, comme dans un vent d'horreur, devinrent blancs comme neige, à deux doigts de l'évanouissement face au corps inanimé de leur enfant, frère, père mais encore mari. Étienne de Tournemires était bel et bien mort et la tante Thérèse tombée dans les pommes suite à cette découverte.

D'abord, ils prirent en charge leur tante évanouie, ils l'amenèrent dans le plus grand des silences, toujours effarés par leur découverte, dans sa chambre au sous-sol du château, dans « son donjon » comme elle l'appelait, en attendant qu'un médecin vienne. En même temps, la femme d'Étienne était en train d'appeler les gendarmes et de leur expliquer avec peine entre deux sanglots ce qu'ils venaient de découvrir. A côté, Louis était affalé sur le canapé du grand salon, face à la cheminée, en larmes car malgré son jeune âge il avait très bien compris que son père n'était malheureusement plus de ce monde.

Une trentaine de minute plus tard, l'inspecteur Barnabet arriva à l'entrée du domaine où Germaine le retrouva pour le conduire à l'arbre de la vieille sorcière. Arrivé face à l'arbre l'inspecteur dit avec ironie :

- Et ben, il a l'air tout frais !

La veuve affichait un sourire de gêne. Barnabet l'informa que son adjoint n'allait pas tarder à arriver mais qu'il allait donc commencer l'inspection seul pour perdre un minimum de temps.

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