Chère maman

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Paris, 12 octobre 1940.

"Ma chère maman,

Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas vues, mon travail de secrétaire me prenait énormément de temps, et lorsque j'avais enfin du temps pour moi, je l'utilisais pour me reposer. Ce travail je l'ai perdu. Ne me gronde pas maman je n'y suis pour rien. Les Allemands sont arrivés à Paris et j'ai été remplacée par une allemande à l'hôtel de ville puisque maintenant ce sont eux qui contrôle la ville ; je pense que l'homme qui a remplacé mon employeur ne voulait pas d'une Française comme secrétaire.

La perte de mon emploi au mois de juin dernier n'est pas la seule chose que j'ai perdue. Je n'ai plus rien maman, ils m'ont pris absolument tout ce que j'avais. Albert m'héberge depuis le début du mois de juillet. Oh tu sais c'est un très gentil garçon je suis sûre que tu l'aimerais beaucoup. Il est devenu professeur des écoles au début de l'année 1938, mais il peine à bien exercer son travail depuis le début de la guerre. Ses élèves sont souvent inquiets, ils posent pleins de questions et Albert a parfois du mal a les rassurer car lui-même ne l'est pas.

Ils nous font croire que nous avons perdu notre âme de Français, que nous sommes vaincus et que s'en est fini de nous, de notre pays victorieux, de la grandeur de notre nation. Je n'y crois pas. Je n'y croirai jamais. L'âme du Français est la plus robuste qui soit. Quand on veut marcher sur le Français, il se lève et il dit non, haut et fort. Je le ferai. Maman, tu ne me verras jamais me laisser abattre par une quelconque tyrannie dans ce monde. L'Histoire de notre pays m'est si cher et les hommes qui sont tombés pour que notre République existe auraient honte de nous si on se laissait faire.

Albert connait un homme qu'il nomme Lima, ce n'est autre qu'un de ses collègue mais il refuse de me donner son véritable nom. En réalité c'est une question de sécurité, si ton nom doit être entendu par les oreilles de la croix gammée, il vaut mieux que ce soit un pseudonyme et que personne ne connaisse ta véritable identité. Moi on m'appelle Snow. C'est Albert qui a choisi mon pseudonyme, il dit que c'est par rapport à ma couleur de cheveux qui se rapproche de celle de la neige, il me taquine en me comparant parfois à Blanche Neige.

Lima tient toujours un discours patriotique, il est fidèle au général De Gaulle et refuse la défaite. Albert et moi nous sommes comme lui. L'annonce de la capitulation de notre pays m'a dévasté à tel point que je n'y croyais pas au début. Mais voir tous ces Allemands dans ma chère capitale m'a ramené à la réalité, Pétain a belle et bien vendu notre âme.

Lima a fini par nous avouer qu'il faisait partie de la Résistance, son but était simplement de nous recruter et il a réussi. Nous avons tout de suite accepté et il nous a fait rencontrer son chef de réseau dont je n'ai pas le nom. Ils nous ont expliqué pendant des heures ce dans quoi on allait s'engager mais nous ne sommes pas prêts à reculer devant le danger. Albert et moi nous sommes donc entrer dans la Résistance au début du mois de septembre, déterminés à poursuivre le combat même à petite échelle.

Pendant un mois et demie notre missions était simple, on devait seulement transmettre des informations récoltées par le réseau et distribuer clandestinement les journaux de résistance. Enfin, je dis que c'est simple mais si on se fait prendre s'en est fini de nous.

Hier matin, le chef du réseau nous a convié et il nous a donné une mission plus périlleuse. Nous devons partir ce soir, avec un groupe de sept enfants juifs en direction de la Zone Libre pour les mettre à l'abri des Nazis. Je ne suis pas très rassurée je dois te l'avouer mais cette mission est plus que nécessaire pour sauver ces enfants. S'ils restent, ils risquent de subir ce que les Juifs subissent en Allemagne avec les lois.

Ma chère maman je sais que tu attends de mes nouvelles et que tu dois être sûrement très inquiète mais je regrette. Maintenir le contact va être difficile pendant cette guerre et t'écrire des lettres est peut-être dangereux. Celle que j'écris aujourd'hui, je vais la conserver bien précieusement et quand tout sera fini, j'irai te voir à Rennes et je te donnerai toutes celles que j'ai écrite. T'écrire à chaque instant me permet de mieux tenir, même si ce n'est pas vraiment le cas, je peux te parler et cela me fait le plus grand bien.

Je te tiendrai au courant de mon avancée dans mon voyage et j'espère que tu m'attends bien au chaud dans la maison. J'ai beaucoup de choses à te raconter tu sais. Je t'embrasse très fort ma chère maman en espérant te revoir le plus vite possible.

Ta fille chérie."

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 13, 2021 ⏰

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