Chapitre 4

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Cela faisait déjà deux semaines que la rentrée avait pointé le bout de son nez et qu'Eileen avait revu pour la première fois, l'inconnu d'une nuit. Pourtant, depuis, son rêve revenait encore chaque nuit. Elle n'avait plus eu l'occasion de se trouver seule avec lui, comme le premier jour. Mais contrairement à ce qu'elle avait sembler laisser paraître à ses amis, elle n'était pas résigné. Ce n'était qu'une petite année à attendre avant de pouvoir parler à son professeur de tout ce qui s'était passé, et pouvoir espérer quelque chose. Et en soit, une année dans une vie, de quoi s'agissait-il ?

Pour elle, de pas grand chose, elle n'était qu'étudiante après tout.
Mais pour lui, c'était forcément différent. En premier lieu, leur différence d'âge. Il rêvait sans doute de se poser avec une femme mature et construire une famille, à son âge, c'était tout à fait normal, et lui n'attendrait certainement pas une "gamine" pendant un an.
C'était décidé, elle ne se laisserait pas abattre, et durant cette année, elle ferait tout pour l'attirer autant que lui l'attirait.

Ce qui tombait parfaitement bien. Aujourd'hui, Rayan Zaidi s'entretenait avec certains élèves pour discuter de leur mémoire et répondre aux questionnements des étudiants, en les voyant tous un à un, dans son bureau. Et aujourd'hui, c'était le jour ou Eileen était convoquée elle aussi dans son bureau. Elle était plus qu'heureuse à cette idée, et n'allait surement pas laisser passer cette chance.

« Eh oh, Eileen, t'es avec nous ? Demanda alors Rosalya, habituée à devoir ramener Eileen sur la terre ferme.
- Hein ? Oui oui pardon, je pensais à mon sujet de mémoire.
- C'est vrai, c'est aujourd'hui que tu vas en parler à ton prof. Ça va aller ? Tu veux qu'on attende devant la porte ?
Commença Alexy avec un air attristé beaucoup trop sur-joué.
- Ah-ah, très drôle. Ça va aller, je suis pas non plus un chaton hein.
- Ah ça non, quand mademoiselle sort les griffes, c'est du tout cuit. »
Renchérit Rosalya en riant.

Qu'est-ce qu'elle avait de la chance d'avoir des amis pareils. Elle ne leur cachait rien habituellement, mais elle n'avait pas envie que Rosalya se mette à la sermonner comme le ferait sa mère.

Quelques minute filèrent, puis vint finalement le moment ou Eileen du rejoindre le bureau de son professeur. Une fois devant la porte, elle attendit patiemment de voir l'élève qui passait avant elle sortir, afin de pouvoir rentrer dans la pièce.

L'étudiante pénétra donc dans le "repère" de son professeur d'art contemporain, avant de le saluer avec un sourire, ses papiers en main.

« Bonjour monsieur Zaidi.
- Bonjour mademoiselle Miller, je vous en pris, asseyez vous et présentez moi donc tout ce que vous tenez
, répondit alors Rayan.
- Eh bien, j'ai apporté les recherches que j'ai faites pour le moment, ainsi que mon plan et mon introduction. »

Elle s'assit au même moment sur la chaise devant le bureau, posant toutes ses feuilles sur ce dernier, afin de laisser la possibilité à l'enseignant de regarder celles qui l'intéressaient.

« Je vois que vous avez bien avancé. Je n'en attendais pas moins de vous au vu de vos résultats. »

A ces mots, il attrapa son plan et son introduction. En réalité, si elle avait tant avancé c'était grâce à Chani, sans elle, elle n'en serait qu'à chercher un plan qui collerait à sa problématique.
Les yeux du professeur se mirent alors à lire les mots écrit par Eileen. Il ne s'agissait que de son travail, et elle avait l'habitude de partager cela, mais elle se sentit étrange, comme si c'était une enfant qui montrait son dessin à une grande personne. C'était la première fois qu'elle se sentait ainsi. Était-ce le lieu ainsi que leur "intimité", si l'on peut dire, qui la rendait ainsi ? Surement. Mais ce n'était pas totalement désagréable.
Au fur et à mesure que Rayan lisait les lignes, Eileen se surprit à admirer son visage sérieux. Les sourcils froncés montraient qu'il était vraiment absorbé par ce qu'il lisait, et à quel point il était investi dans son travail. La main présente sur son menton elle, l'aidait sans doute à réfléchir.

Perdue dans ses pensées, un sursaut la prit lorsqu'il reprit finalement la parole.

« Cela m'a l'air d'être un très bon sujet, votre plan est honorable, tout comme cette introduction. Cependant si j'étais vous, je reconsidérerais la question posée, afin de lui donner une autre tournure dans l'introduction. Plutôt que directement présenter des personnages symboliques, essayez d'amener du suspense. Ne les révélez pas si tôt, laissez les gens être captivé par votre mémoire. »

Eileen hocha la tête pour toute réponse. Elle n'arrivait pas à faire franchir le moindre son de ses lèvres. Il avait relevé la tête vers elle, lui offrant un sourire des plus charmeur. Du moins c'était ainsi qu'elle l'interpréta. Ce sourire lui avait tant manqué, ce sourire dont elle avait tant rêvé. Elle le revoyait enfin, mais n'avait pas le droit d'y céder. Elle ne devait pas flancher, elle devait rester forte, elle devait maitriser son corps, et ne pas le laisser réagir par lui même lorsqu'il plongeait son regard émeraude dans le sien. Ses yeux étaient pourtant si attrayant, elle avait besoin de les voir de plus près. De les voir la regarder elle. Non. Elle ne devait pas. Elle n'avait pas le droit. Et pourtant.
Elle se redressa de la chaise en le remerciant, le professeur toujours souriant face à cette bonne élève. La brunette s'approcha, son corps agissait seul, elle laissa l'homme penser qu'elle récupérait ses papiers, alors qu'elle vint délicatement poser ses lèvres contre celles du professeur. C'était sans doute une grande erreur, si quelqu'un ouvrait la porte, ils étaient tous les deux mal barrés, ils auraient de sévère problème.
S'attendant à se faire repousser par Rayan pour cette raison, elle fut surprise en remarquant qu'il ne bougea pas. Il ne répondit pas pour autant au baiser, mais il ne reculait pas. Et pour Eileen, c'était le plus important.
Après quelques secondes, la brunette se recula légèrement, les joues rouges, légèrement haletante, et découvrit à nouveau le visage de Rayan face à elle. Il arborait cette fois un petit rictus malicieux, laissant échapper dans un murmure.

« Toujours aussi directe. »

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Et voilà le chapitre 4 !

J'espère que ce chapitre plutôt "direct" (quel jeu de mot...) vous plaira !

Merci d'avoir lu !

Soirée d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant