Chapitre 1 (partie 1)

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Tout a commencé lors de la création du Monde des Douze.

Enfin, plus précisément lorsque je suis venue au monde. Cet endroit plutôt spécial dans lequel j'ai grandi m'a tout pris. Tout d'abord, j'ai perdu ma vie d'écolière. Même du haut de mes septs ans, je savais déjà que je n'irai plus à l'école comme les autres. C'était difficile pour moi de m'imaginer quitter mes camarades de classe. J'étais profondément persuadée qu'ils allaient avoir des métiers passionnants dans le futur : certains voulaient devenir professeurs, d'autres médecins... Mais mon destin n'était pas le leur.

Si j'ai toujours suivi mon destin sans broncher, c'est parce que je fais partie de la classe des Sacrieurs. Je ne suis pas entièrement humaine comme mes camarades de classe, mais je ne suis pas un monstre pour autant. Dès l'âge de sept ans, on sépare les enfants provenant de classes comme la mienne. Je dois, tout comme mes parents Sacrieurs, servir mon pays, le Monde des Douze, et surtout ma divinité. Tout a un lien : mon monde a été créé par douze divinités bien différentes les unes des autres. Au fil du temps, elles se sont rendues compte qu'elles avaient besoin de disciples : c'est ainsi que les disciples Sacrieurs sont nés. Nous sommes venus au monde pour servir la cause de la Déesse Sacrieur et pour défendre notre pays.

Cette nature se voit facilement sur nous, les Sacrieurs. Nous avons de longues oreilles toujours placées à l'horizontale et des marques rouges ou noires sur les avant-bras. Nous ne sommes pas très grands non plus, et la plupart d'entre nous détestent porter des vêtements chauds, même en hiver.

Je me souviens parfaitement du jour où j'ai poussé la porte de ma nouvelle école. Mon entraînement allait enfin commencer. Mon père m'avait accompagné ce jour-là et il était entré dans le bâtiment avec beaucoup d'aisance, ce qui m'avait étonnée. J'étais effrayée à l'idée de devoir me faire de nouveaux amis.

"Ne t'inquiète pas Zillimy, tu te plairas dans cet endroit. Moi aussi, j'étais mort d'inquiétude la première fois que je suis arrivé ici." avait déclaré mon père.

Le hall d'entrée du bâtiment ne comportait qu'un bureau et la pièce était terriblement sombre. Un vieil homme du même âge que mon père était arrivé pour nous saluer. C'était lui aussi un Sacrieur. Ce vieillard du nom de Brath allait devenir mon professeur pour une année.

Le jour de la Cérémonie Élémentaire était arrivé rapidement. Grâce aux entraînements de Brath et aux cours que j'avais suivis assidûment, je savais désormais à quoi ma vie allait ressembler : j'allais devenir une véritable guerrière au service du Monde des Douze. Cette idée ne me rendait pas aussi joyeuse que j'étais censée l'être puisque j'appréhendais déjà la cérémonie. Je redoutais de devoir choisir un élément parmi les quatre autres qui constituent notre monde : l'Eau, le Feu, la Terre ou l'Air. J'avais sans surprise choisi l'Eau. Mes parents étaient très étonnés de mon choix, eux qui maîtrisent l'Air depuis des générations, ils imaginaient déjà que leur petite protégée allait suivre le même chemin que le reste de la famille. Sauf que non, j'ai préféré quitter Bonta, mon village natal et partir découvrir de nouveaux horizons. J'aime mes parents et j'aime Bonta mais à huit ans, ma soif d'aventure n'avait pas de limite. Même le test que Brath m'avait fait passer peu de temps avant la cérémonie m'avait révélé des aptitudes à maîtriser l'Eau.

Par conséquent, à l'âge de huit ans, je me retrouvais dans l'obligation de partir pour Sufokia, le seul village qui pays qui offre un apprentissage et un entraînement intensif à tous ceux qui choisissent l'Eau lors de la cérémonie. Sufokia est sûrement le plus petit village du continent mais il est un point stratégique du Monde des Douze.

En arrivant là-bas, je m'étais rapidement liée d'amitié avec un petit garçon du nom d'Iro Kuguari. Ce garçon aux cheveux blancs et à la peau foncée est devenu mon meilleur camarade de classe mais aussi mon plus précieux allié lors des entraînements. Ce natif du village de Sufokia, qui est né ici-même, m'a fait découvrir tous les recoins du village en arrivant de sorte à ce qu'il n'ait plus de secrets pour moi. Il m'a aussi beaucoup aidé dans mon apprentissage et c'est grâce à lui si je maîtrise aussi bien mon élément aujourd'hui. Il faut dire qu'il a toujours eu une longueur d'avance sur moi et que sa force surpasse la mienne depuis que nous sommes petits.

Lorsque nous avons tous les deux obtenu notre diplôme à dix-sept ans, le Conseil de Sufokia nous envoyait systématiquement en mission ensemble. J'étais devenue une jeune femme diplomatique très stratège, le parfait opposé d'Iro ! Son impatience et son impulsivité agaçaient beaucoup le Conseil. Il faut bien avouer qu'il est du genre à foncer dans le tas et à réfléchir ensuite. Notre classe commune, la classe des Sacrieurs, faisait de nous des adversaires redoutables. Nous puisons notre force dans notre souffrance : plus nous approchons de la mort et plus nos pouvoirs se décuplent. Et jusqu'à présent, nous n'avions jamais renoncé à aucune mission.

Il y a deux semaines, le Conseil de Sufokia a fait appel à nous pour partir à la recherche d'objets volés. La bibliothèque sacrée du Temple Sacrieur a été dévalisée par de parfaits inconnus. Des livres importants ont disparu et les disciples du Temple sont incapables de remettre la main dessus, de plus qu'aucune trace n'a été laissée par les voleurs, ce qui complique encore plus la tâche.

Certains avaient pourtant fait le tour du continent Amaknien en passant par tous les villages : Bonta, Brâkmar et Amakna. Tanji, un autre Sacrieur un peu plus âgé que nous, a été envoyé sur les terres d'Amakna puisqu'il est né là-bas. Ce grand garçon de vingt-deux ans n'a pas été entraîné en même temps que nous puisqu'il a 22 ans. Mais lui aussi vivait à Sufokia, et ce dernier s'était beaucoup lié d'amitié avec Iro. Malgré leurs différences flagrantes, surtout lorsque l'on compare leur taille, ces deux-là s'entendent à merveille. Tanji est un garçon nonchalant mais extrêmement dévoué, et surtout très grand.

Beaucoup d'autres se sont donnés la peine de fouiller tous les recoins du Monde des Douze afin de remettre la main sur ces livres. Ces derniers contenaient des techniques secrètes propres à la classe des Sacrieurs, des techniques bien évidemment interdites. Je n'ai jamais entendu parler de ces bouquins auparavant mais Iro, si, et il n'était pas étonné de la disparition des livres.

"En même temps, ce sont des techniques interdites. Normal qu'on ait envie de mettre la main dessus." avait-il dit sans étonnement.

Nous étions donc tous les deux partis en mission à la recherche de ces livres volés. Après quatre jours de recherches intensives, nous n'avions toujours rien trouvé. Pourtant, je passais beaucoup de temps à interroger les personnes que je croyais mais rien d'intéressant n'en ressortait. On a donc fait le choix de se séparer très rapidement. Iro est parti poursuivre ses recherches sur des îles encore non cartographiées au sud de Sufokia et moi, j'ai préféré quitter le continent pour prendre le large en direction d'un pays qui ne fait pas partie du Monde des Douze.

C'est ainsi que j'ai fini par atterrir ici, à Konoha.

Konoha est un petit village caché par les feuilles contenant de nombreuses forêts. On le surnomme plus communément le Pays du Feu. Contrairement à notre organisation, Konoha n'impose pas à ses habitants de maîtriser le feu. Chacun est libre de trouver sa voie élémentaire. J'ai longtemps observé l'architecture du village. Il est entouré d'immenses remparts de pierres, ce qui permet aux étrangers de ne pas pénétrer à l'intérieur sans y avoir été au préalable autorisés. Il y avait pourtant un passage toujours ouvert mais ce dernier était surveillé par des gardes de Konoha toujours à l'affût du moindre étranger qui oserait se présenter devant les portes.

Pourtant, il arrive parfois que ces portes soient dépourvues de gardes mais je me ferai repérer en l'espace de quelques secondes si j'osais m'en approcher. L'énergie qui se dégage de moi est bien trop puissante pour que je passe inaperçue. D'ailleurs, les ninjas de Konoha sont facilement reconnaissables : ils portent tous un bandeau foncé. Un emblème censé représenter une feuille est gravé sur une petite plaque en acier qui prend place au milieu du morceau de tissu. Et leur consigne est très claire :

"Aucune personne extérieure au village n'est autorisée à entrer, sauf si son village le lui autorise ou qu'elle détient une autorisation de la part du troisième Hokage."

La Cité des Châtiments : tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant