Traquée

Chapitre 1 ~ Champ de bataille

Le soleil se levait sur la forêt de l'Est, donnant vie et couleur à la magnifique végétation qui peuplait ces lieux.

Tout était calme, étrangement calme d'ailleurs, aucun chant d'oiseaux ne venait troubler cette paisible ambiance, pas même le vent. Seul bruit de fond, le doux son de l'eau qui s'écoulait de la rivière à un rythme régulier.

Ces bois étaient étonnamment silencieux, c'en était presque inquiétant à vrai dire... C'est ce que pensait Gabriel en observant du sommet d'un rocher pour se donner un meilleur point de vue.

- Alors, tu vois quelque chose ? lança Aaron resté en retrait.

- Il n'y a pas âme qui vive ici... je n'entends même aucun animal, répondit Gabriel en rejoignant son ami, perturbé.

Il avait serré la garde de son épée, ce qu'il faisait lorsque son instinct lui dictait un danger.

- Ces bois ne sont pas si inertes d'habitude, je ne comprends pas...

- Hmmm! Cela n'augure rien de bon, fit Aaron d'une moue dubitative. Nous devrions retourner voir les autres.

Aaron et Gabriel venaient de faire quelques pas en direction de leur campement lorsqu'ils s'arrêtèrent tous deux.

L'air ici empestait, une odeur noséabonde et fétide qui vous prenait à la gorge. Ils se protégèrent le nez et la bouche à l'aide de leur col et cherchèrent l'origine de cette puanteur, bien qu'ils ne connaissaient que trop bien ce qui pouvait provoquer un tel parfum.

Ils avancèrent en silence, s'engageant dans un chemin sinueux et pentu à travers bois. Des branches craquaient sous leurs pieds, et parfois de petites lianes venaient s'enrouler autour de leurs chevilles, manquant de les faire trébucher.

Au loin, dans une petite plaine en contrebas, Gabriel aperçut un homme couché dans ce qui ressemblait à une mare de sang. Il courut en sa direction, en criant à Aaron d'aller chercher des hommes.

Quand Gabriel parvint au chevet du blessé, ce qu'il vit lui fit hérisser les poils de sa nuque, un long frisson lui parcourut le bas du dos et il détourna le regard un instant.

Un homme -du moins ce qu'il en restait- était bien étendu dans une mare de sang, à vrai dire il baignait dans son propre sang. De longues et profondes entailles lui déchiraient le torse, laissant apparentes quelques côtes déchiquetées qui lui pénétraient la peau. Son visage, il n'en restait rien, mise à part le côté gauche où il restait encore un bout de peau et quelques cheveux. Des vers avaient commencé à manger les chairs et le cadavre se décomposait, ce qui expliquait l'odeur putride qui émanait du corps.

Gabriel sursauta en entendant du bruit derrière lui, c'était Aaron qui revenait avec quelques uns de ces hommes, les meilleurs nota Gabriel.

En voyant la scène, tous eurent d'abord un mouvement de recul. Une fois ressaisis, ils entreprirent de vérifier qu'il n'y avait pas d'autres victimes.

En réalité c'était un véritable carnage, cet homme n'était que le premier d'une bonne vingtaine d'autres.

- Trouvez s'il y a des survivants, ordonna Aaron.

En découvrant les autres cadavres, tous semblables, une gène s'installa.

- Il semble que ce soit des soldats de l'Oppresseur, remarqua Grey, un des soldats de Gabriel.

Il y eut un moment de battement, personne n'osa répondre à cette remarque. C'est Gabriel qui brisa le silence, un peu agacé.

- En effet, ces soldats sont nos ennemis, du moins, ils l'étaient. Mais ces soldats restent aussi des hommes comme vous et moi, et il serait indigne de nous de les laisser croupir ici. S'il y a des survivants, il est de notre devoir de leur venir en aide, quelque soit leur camp. J'imagine que vous aimeriez qu'on fasse de même à votre place et je ne crois pas me tromper en disant cela. Est ce que c'est clair ?

- Oui, très clair. Veuillez m'excuser, répondit Grey en repartant aux recherches.

Ce que tous s'empressèrent de faire.

Au bout d'une heure, beaucoup d'entre eux se regroupèrent au rapport. Aucun survivant. Gabriel allait baisser les bras quand on entendit au loin un homme appeler à l'aide:

- Ici ! Elle est en vie ! Venez vite !