GDCP❤️: tome 9

~Chapitre 28~

Les Invisibles:1. Le Colibri:0.
Sophie sentit sa tête tourner.
« Alors... » lui susurra Lady Gisela, « que penses-tu de tout ça, petit Colibri ? »
Une larme roula sur la joue de la Télépathe.
Une larme d'impuissance, de désespoir, d'abandon.
Puis, au moment où elle se sentait au plus bas, elle vit Lady Gisela tomber à la renverse, frappée à la tête, et entendit une voix à l'accent caractéristique.
"Sophie !"
C'était Fitz.
Il était suivi par Biana, Dex, Tam et Linh.
La Polyglotte sentit son cœur gonfler de gratitude.
Ils étaient venus l'aider.
Ils étaient là pour elle.
A vrai, dire, ils l'avaient toujours été.
Sans se soucier de Lady Gisela, elle se précipita vers eux et les prit dans ses bras.
Ses larmes de tristesse se mêlèrent à des larmes de joie, et un rire nerveux lui échappa.
"Comment ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
"On t'expliquera tout ! On peut dire que j'ai mené la mission, comme d'habitude !" s'exclama Dex, les yeux humides lui aussi.
Il était sur le point d'entamer une autre phrase, lorsque Tam l'arrêta.
"Je ne voudrais pas interrompre des retrouvailles si émouvantes, mais je vous rappelle, juste pour information..." il s'éclaircit la gorge, " QU'ON SE TROUVE AU QUARTIER GÉNÉRAL DES INVISIBLES ET QU'ON VIENT
D'ASSOMMER LADY GISELA, ALORS JE PROPOSE QU'ON PARTE D'ICI !"
Tous restèrent muets face à son discours, puis furent rattrapés par la réalité.
Ils étaient dans une situation pour le moins... embêtante.
"Ce n'est pas faux. En effet, dit comme ça, on est mal." approuva Dex, les sourcils foncés.
L'Optimisatrice se demanda comment il pouvait plaisanter dans une situation pareille, puis lança à ses amis, nerveuse:
"Qu'est-ce qu'on fait ?"
Personne ne sur répondre.
En effet, après avoir agi sur un coup de tête, ses amis se rendaient compte qu'ils n'avaient pas prévu de solution de repli.
Ils avaient encore beaucoup de choses à apprendre.
Puis Linh murmura timidement:
"Keefe..."
Rien que l'évocation du nom de l'Empathe donna à Sophie l'impression de se faire écraser le cœur.
Il lui manquait, et jusqu'à maintenant, elle avait essayé de ne pas penser à lui, pour éviter de souffrir.
Mais il était temps d'arrêter de se protéger, et d'entrer en action.
"On va le chercher." lança t-elle.
Elle rencontra le regard de Fitz, empli lui aussi de détermination.
Puis elle se tourna vers Lady Gisela, toujours évanouie.
Il était temps de rentrer dans les profondeurs de son esprit, et de découvrir où était caché le garçon.
Elle s'approcha doucement, Fitz sur les talons.
"Ça sent le retour des Apparentés, non ?" transmit-il.
L'Instillatrice hocha la tête.
Oh, que oui.
Elle s'agenouilla auprès de la Polyglotte et appela Tam et Biana.
"Tenez-la bien, pour éviter qu'elle ne se débatte si elle se réveille."
Puis elle se tourna vers Dex et Linh.
"Surveillez l'entrée."
"Oui, chef." marmonna le Technopathe, toujours fidèle à lui-même.
Enfin, elle plongea son regard dans celui de Fitz.
"Prêt ?" le questionna t-elle.
"Plus que prêt."
Alors, le Colibri prit une grande inspiration et posa ses doigts sur les tempes de Lady Gisela.
Il était temps de retrouver Keefe.

Une fois à l'intérieur de l'esprit de l'Invisible, Sophie ne put retenir un frisson.
Tout était si...froid.
Si sombre.
En y réfléchissant, tout était exactement à l'image de Lady Gisela.
Les pensées, éparses, représentaient la seule trace de couleur, au milieu d'un néant noir.
"C'est accueillant." plaisanta Fitz pour détendre l'atmosphère.
Nul besoin de préciser que sa blague tomba à plat.
"A chaque souvenir où l'on voit Keefe, on fonce."
La Téléporteuse s'avança plus profondément dans l'esprit de la femme, tentant de repérer une masse de cheveux blonds ébouriffés.
"Là !" s'exclama t-elle.
Elle attendit d'être rejointe par Fitz, puis les deux plongèrent dans le souvenir.
Keefe était assis sur une chaise, au milieu d'une pièce sombre.
Exactement comme celle dans laquelle ils se trouvaient.
Il semblait fatigué, harassé.
Mais quand sa mère entra dans la pièce, il se redressa brusquement.
"Où est-elle ?" demanda-t-il.
"Toujours obsédé par ton Colibri ?" soupira la Polyglotte en levant les yeux au ciel.
"Qu'est-ce que tu as fait d'elle ? » demanda à nouveau l'Empathe, ignorant sa remarque.
L'invisible resta muette.
« Si tu lui as fait du mal, je, je... » commença t-il, les larmes aux yeux.
« Oh... Comme c'est mignon... Tu es vraiment mordu, hein ? »
Keefe baissa la tête.
« Tu es au moins conscient qu'elle n'est avec toi que pour rendre Fitz jaloux ? Qu'elle profite de toi ? »
Le garçon releva la tête, et la secoua de droite à gauche.
« Elle n'est pas comme ça. Et je suis Empathe, je te rappelle. »
« Oh, mais je ne doute pas qu'elle t'aime bien. Cependant, elle préférera toujours Fitz, au fond d'elle. Elle l'a choisi en premier. »
Une larme coula sur la joue de l'Empathe, alors qu'il continuait à secouer la tête.
« Je ne t'écoute pas. Tu mens, je le sais. »
« Ah oui ? Tu en es sûr ? Je pense plutôt que tu te caches la vérité. Pourquoi te préfèrerait-elle ? Elle a toujours aimé Fitz. Tout le monde a toujours préféré Fitz. »
Keefe laissa échapper un sanglot, et se couvrit les oreilles pour ne plus entendre sa mère.
« Arrête, je sais ce que tu fais. Tu veux me retourner contre eux. Mais je ne te rejoindrai jamais, maman. »
Il se leva doucement, s'essuya les yeux, puis plongea son regard dans celui de Gisela.
« Maintenant, dis-moi où elle est et si elle va bien. »
Sa mère le regarda quelques instants, puis hocha finalement la tête.
« Oui, elle va bien. Mais sache qu'elle n'a pas demandé de tes nouvelles à toi. »
« C'est faux ! » aurait voulu s'exclamer Sophie.
Elle aurait voulu sauter dans le souvenir et serrer Keefe dans ses bras.
« Vraiment ? » demanda le garçon, ébranlé.
« Vraiment. » aquiesça sa mère.
Il se rassit, et baissa la tête.
Puis Gisela sortit de la pièce.
La porte était marquée d'un numéro. Le numéro 202.
Une fois que le souvenir s'arrêta, Sophie eut l'impression d'étouffer.
Elle devait sortir de la tête de Gisela. Tout de suite.
« Viens, on y va. » lui lança Fitz. Puis il l'accompagna doucement jusqu'à la sortie.

Ce n'est qu'en remontant à la surface que Sophie se rendit compte qu'elle pleurait.
Elle essuyait ses joues, quand elle entendit Fitz lui murmurer:
« Tu sais Sophie, Keefe sait qu'elle ment. Tout va bien se passer, je te le promets. »
« Mais il avait l'air si triste... »
« Je sais. Mais tout va bien se passer. »
Alors, il la serra dans ses bras.