Chapitre 14

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La veille, après l'incident avec Draco, j'étais montée directement dans ma chambre. J'avais planté les jumeaux sans un mot, laissant notre rituel tomber à l'eau. Impossible de faire comme si de rien n'était. L'épisode tournait en boucle dans ma tête, comme une chanson agaçante qu'on ne peut pas arrêter.

Pourquoi ça le dérangerait que les garçons me regardent ? Il avait dit ça comme une évidence. Et pourquoi, par Merlin, je n'avais même pas eu le cran de l'envoyer balader ? D'habitude, j'ai la répartie qui claque, qui coupe net. Là, rien du tout. 

Je me redressai d'un coup sec dans mon lit, comme si mon propre cerveau me bottait le derrière. J'ai assez cogité. 

Aujourd'hui, c'est samedi, jour de sortie à Pré-au-Lard avec Pansy. Et ce soir, il y a une soirée dans la salle commune des Serpentard. Autant dire que la journée promet d'être... explosive. Je suis bien décidée à inverser les rôles. Cette fois, c'est moi qui mène la danse. Draco n'aura qu'à suivre ou s'étrangler de frustration.

Je choisis soigneusement ma tenue. J'attrapais une minijupe à carreaux verts, dans les codes de notre maison, un collant noir semi-opaque, puis, un col roulé noir, sobre et efficace. Par-dessus, ma veste noire cintrée. 

Je claquais la porte de ma chambre derrière moi et dévalais les escaliers en colimaçon du château. Les semelles de mes chaussures claquaient contre la pierre dans un rythme rapide et volontaire.

Pansy devait sûrement m'attendre depuis un moment — j'étais à la bourre, encore — et je savais qu'elle allait râler. Je traversais un groupe de Poufsouffle bruyants sans ralentir, fendant la foule avec une impatience palpable.

En arrivant à l'étage de la Grande Salle, je l'apercevais enfin, adossée nonchalamment au mur du couloir d'en face. Les bras croisés, le regard noir, elle tapotait machinalement du pied. Oups. 

Je lui adressais un grand signe de la main, un sourire un peu coupable au coin des lèvres, mais elle ne me voyait pas, bloquée par un troupeau d'élèves sortant bruyamment de la Grande Salle. Je tentais de me frayer un passage, mais un obstacle se dressa soudain devant moi.

- "Salut Blackburn." lança une voix que je reconnais immédiatement.

Je relève les yeux sur Pucey. Grand sourire collé au visage, comme un chien content de revoir son os préféré.

- "Oh, Pucey..." je répondis, l'air distrait, en me penchant légèrement pour essayer de repérer Pansy derrière lui.

- "Je voulais te demander... ce que tu fais aujourd'hui ?" Il se gratta la nuque nerveusement. "Je vais à Pré-au-Lard, et je me disais que tu pourrais peut-être venir avec moi... enfin, si t'as rien de prévu..."

Il s'interrompu brusquement, les sourcils froncés. Son regard se figa quelque part derrière moi.

-"Quoi ?" je demandais, confuse, alors que je me retourne lentement.

Et je le vis. Draco, assis sur un banc un peu à l'écart, entouré de quatre cinquièmes années qui pourraient aussi bien être des fans hystériques vu la façon dont elles le regardaient. Des étoiles dans les yeux, des rires forcés, des mains qui effleuraient sa manche. C'est si pathétique. 

Mais lui ? Il ne les voit même pas. Ses yeux sont rivés sur moi et il me scanne de la tête aux pieds avec une intensité qui me donne des frissons. Je vois la tension crispée sur sa mâchoire, les veines qui battent à ses tempes.

Je me retournais calmement vers Pucey, un petit sourire en coin.

- "Mais qu'est-ce qu'il veut, lui ?" soufflai-je d'un ton faussement agacé mais à l'intérieur, je jubilais. C'est exactement la réaction que j'attendais. Touché. Pile dans le mille.

L'ENNEMI DU COEUR - Draco MalfoyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant