Chapitre 1

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LA sensation était celle d'un doux réveil après un profond sommeil, les membres engourdis et les yeux encore mi-clos. Ma vision, déformée, distordue, se résumait à des gerbes de lumière étincelantes et abrutissantes. Je parvenais malgré tout à distinguer les éléments m'environnant : je discernais les silhouettes mouvantes de meubles familiers. Je me situais chez-moi, étendu sur mon canapé, et je me sentais si pesant, si chargé, si exténué.

Dans un état de profonde léthargie, je tentai vainement de me redresser, car – et j'aurais hoqueté de stupeur si cela avait était possible – j'étais incapable d'effectuer le moindre mouvement. Étais-je trop épuisé pour me déplacer ?

Sentant l'inquiétude me gagner, je retentai l'opération, sans succès. Mes membres étaient inertes, raides et paralysés. Me serais-je blessé de quelque façon lors d'un accident dont je n'avais aucun souvenir ? Peut-être un choc m'aurait-il rendu amnésique ?

Je me surpris à tenter de hurler, mais je demeurai sans voix, comme aphone. Soudainement, à mon plus grand soulagement, la porte s'ouvrit et ma femme fit irruption dans la pièce. Incapable d'attirer son attention, je souhaitais de tout mon cœur qu'elle fasse volte-face. Cette dernière m'aperçut et poussa un atroce hurlement. Alors, de chaudes larmes roulèrent sur son visage et elle marmonna des syllabes dont je ne parvenais pas à saisir le sens. En effet, les sons qui parvenaient jusqu'à mes oreilles étaient assourdis et lointains.

Je la vis saisir le téléphone, tapoter frénétiquement sur les touches et une longue discussion s'ensuivit. Ma femme se précipita hors de la pièce, et y pénétra à nouveau quelque temps plus tard, accompagnée d'une multitude de personnes que je jugeai être des médecins à en croire leurs accoutrements. Je déduisis alors que ces derniers avaient pour mission d'identifier mes maux. Mais sans même prendre la peine de m'examiner, ils engagèrent une longue conversation avec ma femme, lui montrèrent des documents, et cela suffit à raviver ses larmes.

Deux hommes en combinaison fluorescente me hissèrent alors pour m'étendre sur un brancard. J'eus à peine le temps d'apercevoir un fourgon avant d'être plongé dans l'obscurité la plus totale.

ImpuissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant