Après cinq ans [KUROKEN]

Prologue

            Il n'y aurait pas cru. Il n'y aurait jamais cru s'il ne voyait pas ce bout de papier froissé entre ses mains. Celles-ci tremblaient et le papier commençait à se déchirer à plusieurs endroits.

Il n'y aurait pas cru. Et pourtant...

« Je pars »

Il n'avait eu droit qu'à ces deux mots. Aucune excuse. Juste « Je pars ». Il était dévasté. Jusqu'au bout il lui avait fait croire qu'il resterait auprès de lui. Mais il ne l'avait pas fait. Il était parti sans même lui dire au revoir. Il lui avait foncièrement menti. Et il aurait préféré le contraire. Qu'il lui dise qu'il partait, qu'il ne voulait plus le revoir. Il n'avait rien fait de tout cela... Il avait préféré partir comme un voleur, sans l'avertir. Lui n'avait même pas eu le droit de se rendre compte de ce qu'il se passait. Il se retrouvait seul. Depuis ses cinq ans, il n'avait jamais été seul. Il ne savait plus comment faire.

Quand il avait fait sa rencontre, il n'avait rien demandé. De mauvaise grâce, avec ses retenues d'enfants, il l'avait laissé envahir sa vie. Et maintenant il partait sans lui demander son avis. Ou plutôt, il l'avait fait, pour tout compte faire, choisir de ne pas le faire. Et actuellement, tous les bons souvenirs qu'ils avaient ensemble semblaient être partis avec lui. Il ne lui restait plus que ses yeux pour pleurer. Peut-être que lui aussi était triste... Mais en attendant, c'était lui qui était mis sur le banc de touche, lui qui n'avait même plus le droit d'être à ses côtés. Ce n'était pas son choix. Pas son choix à lui !

Une plainte désespérée lui échappa. Il s'écroula sur son lit, le visage et ses pleurs cachés par son oreiller qu'il martyrisait. Normalement, s'il avait été là, ce aurait dû être lui qu'il l'aurait consolé. Mais il n'était pas là. C'était lui la cause de son malheur et il ne faisait rien pour l'apaiser. Le message qu'il lui avait envoyé restait en vue. Il n'avait qu'une envie, hormis pleurer comme s'il venait de perdre une partie de lui-même, ce qui était tout de même un peu le cas. Il voulait tant lui faire comprendre dans quel état il le mettait, lui et son mot débile. Lui envoyer une multitude de messages injurieux et remplis de reproches. Même s'il ne les lisait pas. Même s'il changeai de numéro. Il ferait tout pour que la douleur dans sa poitrine se taise. Tout. Il n'avait jamais été rien sa vie, le perdre avait toujours été un cauchemar auquel il ne voulait pas penser.

Il ne savait plus différencier ses émotions. Il avait autant envie de lui mettre un coup dans ses parties pour qu'il comprenne sa douleur que de le serrer dans ses bras e le suppliant de ne plus partir comme il venait de le faire. Il était pourtant une personne censée à l'ordinaire. Mais il ne l'avait jamais fait se sentir normalement. Il y avait toujours eu un moment où il avait réussi à détruire ses dernières barrières. Il y était toujours parvenu. Il était la seule personne qui était aussi proche de son cœur. Il était la seule personne vers qui il se tournait automatiquement. Depuis toutes les années qu'ils se connaissaient, rien n'avait changé dans leur relation. Ou presque. Il partait toujours devant et lui devait toujours ramasser les pots cassés, tous les dégâts qu'il laissait dans son cœur. Mais dans son cœur, quelques chose avait changé. Il ne le voulait plus en ami. Il ne le voulait plus ne meilleur ami. Il ne le voulait plus en ami d'enfance. Il le voulait en plus. Il le voulait en plus. Il le voulait en copain, en petit-ami, en amant, en compagnon, en partenaire de vie.

Il lui aurait dit s'il avait été en face de lui. Mais il ne l'était pas.

Il attrapa son téléphone qui était tombé au sol. Il alla sur son application message et décida de lui envoyer un dernier mot.