Chapitre 4 Partie 2

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Théo continuait à avancer sans regarder un seul instant derrière lui, le bras toujours autour des hanches de son second alors que celui lui-ci avançait tout en le fixant. Il attendait bien sûr des explications face au comportement de son capitaine. En sentant le regard appuyé de Kasyr sur sa nuque, Théo finit par soupirer pour prendre le chemin de sa chambre actuelle se trouvant dans l'aile pour les invités. Il n'avait jamais compris à quoi servait cette aile, après tout, les seuls « invités » possibles étaient les naufragés. Mais maintenant qu'il en était un, il trouvait cela plutôt pratique. Sans un mot, Kasyr avançait de concert sans le lâcher du regard.

Ce fut Théo qui lâcha le premier, retirant sa main des hanches de son compagnon pour activer l'étrange mécanisme permettant à la porte de s'ouvrir. Sans un mot, il passa le pas de la porte, suivi de près par Kasyr qui ressemblait plus à son ombre actuellement. Puis la voix du colosse se fit entendre proche de son oreille, lui arrachant un frémissement.

– Alors... Vas-tu enfin m'expliquer ce que tout ceci signifie ? Qu'est-ce que la déesse sait à mon propos que tu sembles vouloir me cacher ? Et c'était quoi cette phrase ? Est-ce moi qui t'appartiens ou bien l'inverse ?

Théo frémit légèrement en sentant le souffle chaud de son ami lui caresser la nuque. Une légère décharge électrique lui traversa le corps alors que sa peau se couvrait d'une chair de poule. Il finit par avaler sa salive pour finalement se retourner sans faire attention à Kasyr, allant simplement fermer la porte de la pièce. Lorsque ce fut fait, il laissa s'échapper un soupir alors qu'il venait se frotter les cheveux, les mettant un peu plus en bataille.

Ce fut après quelques minutes de silence qu'il finit par faire face à son ami, plongeant dans les yeux si particuliers de Kasyr... Des yeux semblables à la nuit noire où brillait une lune dorée.

– Je suis désolé...

La voix de Théo était faible et fatiguée. Kasyr avait même l'impression de l'entendre légèrement trembler... C'était bien la première fois qu'il voyait son ami et capitaine ainsi. Il se rapprocha pour venir doucement le prendre par les épaules, l'entraînant vers le lit pour le forcer à s'asseoir. Cela fait, le colosse posa un genou à terre, se retrouvant ainsi plus bas que son ami, lui caressant distraitement les mains.

– Pourquoi t'excuses-tu ? Parce que tu ne m'as jamais révélé que tu étais le fils d'une déesse ? Hum laisse-moi réfléchir... idiot, ça je m'en fiche totalement. Tu es et resteras à jamais Théo de Salve. Mon idiot de capitaine. Mon ami. Mon sauveur et mon amant.

Théo sentit sa gorge se nouer à ce quelques mots. Il ne s'était pas vraiment excusé pour cela. Dans le fond, son lien de filiation avec la déesse des océans lui importait peu, mais les paroles de Kasyr lui permirent de respirer un peu mieux. Un léger sourire vint orner ses lèvres alors qu'il levait doucement une main pour venir caresser la joue de Kasyr avec tendresse. Puis il finit par prendre une inspiration dans le but de se lancer.

– Ce que ma mère sait à ton propos est en rapport avec l'esprit animal que tu portes. Le peuple possédant cette particularité a disparu depuis des années. Il est donc impossible que tu sois l'un des leurs... Tu as la chance d'être assez fort physiquement et mentalement pour accueillir un esprit, mais...

Kasyr le stoppa net en se redressant un peu, fronçant les sourcils avant de venir s'asseoir sur le lit à son tour pour être mieux installé.

– Théo... Pourquoi cela ne serait-il pas possible ? Après tout... Je ne connais pas mes parents et je te rappelle que j'étais esclave lorsque tu m'as trouvé.

– Oui, je m'en souviens parfaitement. Mais c'est tout simplement impossible. Le dernier homme de ce peuple que j'ai pu croiser est sûrement m...

Théo s'arrêta dans sa phrase, venant de bloquer complètement alors que de nombreuses pensées défilaient dans on esprit. Au final, les paroles de sa mère n'étaient peut-être pas si fausses que cela. Après tout, Kasyr avait bien les traits physiques de ce peuple lié aux esprits animaux : particulièrement grand, la peau chocolatée et des yeux fait d'or liquides. Intrigué par son attitude, Kasyr commença à agiter la main devant les yeux de Théo, espérant que ce dernier réagisse. Pour son plus grand soulagement, ce fut le cas au bout de quelques secondes. Théo vint le saisir par les épaules, le regard brillant d'excitation.

– Il va falloir que je t'emmène quelques parts pour vérifier tout cela, mais si ce que je crois est véridique, tu vas en risque d'en apprendre sur tes origines.

Kasyr haussa les épaules comme si cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Plus petit il s'était souvent posé des questions à propos de ses parents et sur le comment il avait fini par devenir esclave aussi jeune. Mais maintenant du haut de ses presque quarante ans, il s'en fichait un peu. Il vivait tout simplement sa vie comme il l'entendait. Théo le fixa avant de lever les yeux au plafond, son ami ne comprenait pas tout ce que ça représentait.

– Kasyr ! Je ne parle pas uniquement de tes parents. Je parle aussi de pouvoir contrôler l'esprit. Et ce même lorsque la lune sera parfaitement ronde. Bon tu seras sûrement toujours brutale, ton côté... « Bestial » ressortant. Mais tu auras bien plus de contrôle que maintenant.

Le colosse le fixa durant quelques instants avant que ces quelques informations n'arrivent enfin à son cerveau. Ni une ni deux, il sauta sur Théo, l'écrasant sur le lit de tout son poids tout en le serrant dans ses bras. Le capitaine ne put s'empêcher de rire à la réaction de son ami, venant lui tapoter la tête doucement.

– Bien sûr il faut prendre tout cela avec des pincettes. Il faut avant tout vérifier si tu es bien lié à ce peuple... C'est le premier pas à faire. Et ça ne sera pas simple, tant que nous serons ici.

Kasyr qui avait niché sa tête contre le torse de Théo, frottait légèrement son visage contre ce dernier. Un grondement sourd sortait de sa bouche pourtant close avant qu'il ne relève la tête pour fixer son compagnon. Il fit oui de la tête avant de venir se mettre à quatre pattes au-dessus de son capitaine, le regard prédateur.

– Maintenant, il y a une dernière chose à mettre au clair... Qui appartient à qui ?

Il ne laissa guère le temps à Théo l'occasion de répondre, venant prendre possession de ses lèvres en un baiser à la fois doux et sauvage.

Ne cherchant pas une seule seconde à le repousser, Théo vint enrouler ses bras autour du cou de son amant, lui rendant son baiser avec passion et tendresse, ses doigts se perdant dans la chevelure sombre de Kasyr. 

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