Chapitre 8 Partie 1

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Caleb avait réagi sans trop comprendre le comment du pourquoi. Le temps qu'il réalise pleinement ce qui venait de se passer, Ivan était déjà loin. Se prenant la tête entre les mains, Caleb commença à se traiter d'idiot avant de sentir deux mains lui saisir les poignets. Lorsqu'il s'arrêta de bouger, il se retrouva nez à nez avec la jeune sirène.

Cette dernière semblait quelque peu intimidée par lui, malgré tout elle prenait sur elle pour le rassurer comme elle le pouvait. Doucement, sa voix s'éleva dans le couloir, douce et chaleureuse. L'inquiétude rongeant Caleb se calma presque instantanément alors que la musique l'apaisait peu à peu. Lorsque la jeune femme fut assurée que Caleb s'était enfin complètement calmé, elle lui lâcha les poignets en lui faisant un petit sourire timide.

Le maître coq la regarda durant quelques secondes avant de lui sourire à son tour. Ce fut lui qui brisa le silence, quelque peu maladroit dans sa manière de parler.

– Merci... Je sais pas trop ce que tu m'as fait... Enfin tu m'as rien fait enfin si. Avec ta voix, tu m'as fait quelque chose c'est sûr, mais... enfin... Merci, c'est tout ce que je voulais dire...

Il se frotta la nuque, se dandinant un peu sur place, ne sachant pas vraiment comment se comporter. Il se sentait pataud, maladroit... Un peu comme une enfant à qui l'on apprenait à marcher. Il avait la terrible impression de s'enfoncer un peu plus à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Peut-être qu'Ivan avait raison à propos de lui. Il secoua la tête à cette idée... Il ne devait pas se rabaisser ainsi. Il revint à la réalité en sentant une main se poser délicatement sur son bras, lui arrachant par la même occasion un délicieux frisson. Caleb baissa alors les yeux, son regard se plongeant dans les yeux verts de la jeune demoiselle... Des yeux qu'il avait déjà vus à de nombreuses reprises.

Sans un mot de plus, il invita la jeune demoiselle à le suivre. Il devait absolument la présenter à Théo pour avoir son avis. Était-ce lui qui rêvait ce qu'il voyait ou bien au contraire... était-ce tout simplement la réalité ? Et si c'était le cas, une certaine personne ne serait pas au bout de ses surprises à ce rythme-là.

Sur le chemin menant à la chambre de son très cher capitaine, il finit tout de même par engager la conversation avec la jeune femme. Il espérait que cette dernière finisse par ouvrir la bouche pour faire autre chose que pousser la chansonnette.

– Je ne t'ai toujours pas demandé ton prénom. Je m'appelle Ca...
– Caleb. Je le sais.

Le maître coq sentit un frisson lui remonter le long de la colonne vertébrale, lui hérissant les cheveux. Elle avait une voix si douce, si fluette qu'elle donnait l'impression de chanter même en parlant simplement. Elle avait pourtant prononcé que quatre petits mots, mais Caleb était sous son charme.

– Très bien... Mais ça n'est pas très équitable si je ne sais pas comment tu t'appelles.

Il lui sourit, désireux de donner le change même si dans le fond, il n'en menait pas large. Il avait la désagréable sensation de revenir à son adolescence et aux premiers émois. Et ayant grandi sur une petite île avec très peu d'habitant et pour ainsi dire personne de son âge, cette période de sa vie n'avait pas été un moment agréable. Il secoua la tête comme pour chasser ces pensées déprimantes, préférant se reconcentrer sur ce qui se passait à l'instant. La jeune fille venait de s'accrocher à son bras pour avancer de concert avec lui. Il pouvait sentir à travers ses vêtements la chaleur émanant des mains de la demoiselle.

– Alors ? Es-tu d'accord pour me donner ton nom ?

La jeune fille fit une petite moue avant de sourire. Elle ouvrit à nouveau la bouche, mais une voix féminine retentit un peu plus loin, la forçant à tourner la tête. Une femme un peu plus âgée qu'elle trottinait dans sa direction en lui faisant des signes. Elle finit par s'arrêter devant les deux jeunes gens, s'inclinant un peu face à Caleb qui en fit de même. Puis elle se tourna vers la jeune fille.

– Melya, ma chérie, je te cherchais partout. Hafsins désire nous voir. Je suis désolée de vous arrêter durant votre petite balade, mais cela a l'air d'être très important.

La dénommée Melya se mordilla les lèvres avant de sourire à Caleb tristement. Elle s'approcha, se mettant sur la pointe des pieds, venant déposer un baiser sur sa joue délicatement. Le maître coq la regarda s'éloigner avec l'autre femme, se touchant la joue du bout des doigts, un sourire idiot sur le visage. Bon il était maintenant tout seul, mais au moins, il avait appris son prénom... Melya... Il reprit son chemin en direction des appartements de son capitaine, l'esprit un peu ailleurs.

Il marcha par automatisme dans les couloirs, ne réfléchissant pas un seul instant à où il allait jusqu'au moment où il se retrouva face à la chambre de Théo. Il vint doucement toquer contre cette dernière attentive au moindre bruit. Un grognement lui confirma la présence de quelqu'un dans la pièce puis un léger rire avant que la porte ne s'ouvre finalement sur Kasyr et non Théo. Le colosse le fixa durant quelques secondes avant que le capitaine apparaisse finalement, la chemise entrouverte.

– Oui Caleb ? Un souci ?

Caleb se demanda quelques instants s'il venait d'interrompre quelque chose. Gêné, il se frotta la nuque, sautillant d'un pied sur l'autre sans oser les regarder. Théo tapota l'épaule de Kasyr pour que ce dernier lui laisse la place. Le colosse retourna s'installer sur le lit, baillant à s'en décrocher la mâchoire, s'enfouissant à nouveau sous les draps. Le capitaine sourit tendrement en le voyant faire avant de se tourner à nouveau vers Caleb. Il s'appuya sur le chambranle de la porte, attendant que le maître coq ouvre la bouche.

– J'étais accompagné d'une jeune sirène... Enfin jeune c'est l'impression que j'ai eu et puis apparemment elle n'aurait pas encore fait son initiation.

À ces mots, Théo grogna un peu... L'initiation, une chose qu'il trouvait particulièrement stupide. Mais toutes les sirènes, sa sœur y comprise, étaient passées par là. Il lança un coup d'œil à Kasyr avant d'aller dans le couloir, passant un bras autour des épaules de Caleb pour marcher un peu avec lui.

– Si elle n'a pas encore fait son initiation, oui elle est jeune... Je dirais à peu près l'âge de notre petit Lawrence. Mais ne t'attache pas à elle. L'initiation transforme une sirène. La déesse lui choisira un partenaire qu'elle devra charmer. Si elle tombe amoureuse... elle ne sera plus. Si elle préserve son cœur elle donnera naissance. Aucun choix n'est le bon, mais il est question de leur survie. Donc petit conseil, ne t'approche plus d'elle.

Caleb grimaça avant de secouer la tête. Il regarda Théo dans les yeux avant de reprendre son explication.

– Je ne venais pas pour avoir des explications à ce propos... Mais merci de me prévenir... En fait, cette jeune sirène a le même regard que quelqu'un... Et j'aimerais avoir ton avide capitaine...
– Et qui est-ce quelqu'un en question ?
– Tu as prononcé son nom il a quelques secondes à peine...

Caleb pinça les lèvres face aux visages sérieux qu'affichait Théo. Il vint se pincer l'arrête d'u nez avant de faire les cent pas dans le couloir en réfléchissant.

– Où se trouve cette sirène maintenant ?

Caleb grimaça à nouveau avant de répondre, pas très à l'aise.

– Avec Hafsins...

Théo pesta, allant récupérer son manteau dans la chambre, il jeta un coup d'œil à Kasyr qui s'était rendormi profondément. Après une caresse sur la joue, il quitta la chambre, refermant la porte derrière lui. D'un signe de la main, il intima Caleb de le suivre, prenant le chemin de la grande salle où sa mère passait ses journées. Il allait devoir vérifier quelque chose...

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