𝗟'𝗮𝘂𝘁𝗿𝗲 𝗧𝗮𝗲𝗵𝘆𝘂𝗻𝗴 [ 𝚃𝚊𝚎𝚔𝚘𝚘𝚔 ]

{ ÉPILOGUE. }

Sous les conseils de Yoongi, je me suis rendu à la gendarmerie pour me dénoncer. Même si je sais que ça ne ramènera jamais Jungkook, j'avais besoin de me soulager la conscience. Je sais que c'est la première étape à faire si je veux pouvoir me sentir mieux un jour... (J'en doute sincèrement, Jungkook était ma raison de vivre, et personne ne lui arrive à la cheville.) Les policiers se sont montrés durs avec moi, sans compassion. Je me suis retrouvé en cellule pendant plus d'un mois. Heureusement, j'avais le droit de voir Yoongi tous les jours pendant trois quarts d'heure au parloir. Je suis tombé en dépression, voulant retrouver Jungkook. J'ai essayé de me suicider en voulant me pendre à ma cellule avec mes lacets. Ça n'a pas fonctionné. Je n'ai plus de forces, je n'ai plus le courage de vivre. Respirer est devenu douloureux, c'est comme si on m'enfonçait une grosse lame à plusieurs centimètres sous l'épiderme. Je vois tout en noir désormais. C'est Jungkook qui enlevait les épines de mon chemin, c'est lui qui ramenait le printemps quand ça n'allait pas. Son sourire était la plus belle chose que j'aie connue. Jungkook est unique... irremplaçable. Les hommes de la police m'ont dit que je passerais au tribunal dans quelques jours. Yoongi a été formidable : il m'a pris le meilleur avocat possible avec l'argent qu'il a économisé. Il me soutient tellement, je ne pensais pas mériter autant d'attention de sa part. Il m'a juré qu'il serait toujours là... Si Jungkook voyait ça, Yoongi sans son mauvais caractère, il serait vraiment étonné.

Je suis donc passé au tribunal pour le préjudice que j'ai commis. Je crois que j'ai un peu attendri le juge car il m'a paru clément. J'ai pleuré du début à la fin. À la barre, je me faisais tout petit, je n'osais regarder personne. Je me sentais comme déconnecté de la réalité. Comme si un fil était arraché et que c'était lui qui gardait mes yeux ouverts sur le monde. L'audience a duré plus de dix heures. Le procureur a cherché à comprendre ma relation avec Jungkook, avec les inconnus, avec mes amis... J'ai parlé de Jungkook avec tellement d'amour, avec tellement de sincérité que mon avocat en a eu les yeux humides. J'avais des menottes, j'étais privé de ma liberté. J'ai regardé le juge écrire dans son calepin, j'ai écouté mon avocat essayer de me défendre. De toute ma vie, je n'avais jamais entendu un tel silence. C'étaient vraiment les pires heures de toute ma vie. Pendant le procès, je répondais aux questions, pour prouver que je suis humain, tout en imaginant le beau visage de mon amoureux. Il m'en a fallu du courage pour tout dire. Parler était si difficile, j'avais la bouche toute pâteuse. Finalement, le juge a rendu sa décision... J'ai été reconnu coupable de violences conjugales, mais irresponsable de mes actes et de mes paroles pour cause de troubles mentaux graves. Le psychiatre présent a déterminé que je souffrais d'une dépression sévère (due à mon ancien travail), et de paranoïa excessive. J'ai été condamné à verser une forte amende à cinq chiffres à l'État, assortie d'une peine de cinq ans de prison avec sursis. J'ai eu des circonstances atténuantes grâce au témoignage de Yoongi. Mon trouble de la personnalité y est aussi pour beaucoup. Le juge a décidé de m'interner dans une maison de repos pour guérir, et reprendre des forces.

Rapidement, j'ai dû rendre l'appartement que je louais avec Jungkook. Toutes nos affaires sont chez Yoongi. Je sais qu'elles sont bien là où elles sont. Notre histoire a fait le tour de la ville, et est même sortie du périmètre de la Corée du Sud. Parfois, il y a des journalistes qui me téléphonent, qui veulent une interview. Je ne donne jamais suite. Sous la décision du tribunal, je me suis retrouvé en maison de repos. Dans cet établissement qui ne ressemble en rien au logement que j'ai partagé avec Jungkook, je ne me sens pas à ma place. Je suis entouré de personnes qui sont comme moi, qui ont la même histoire que moi, et pourtant, je me sens mal à l'aise. Tous ces mois partagés avec Jungkook me paraissent déjà tellement loin, ils me manquent beaucoup. Mais pourtant, contrairement à avant, je veux vivre et guérir. Je veux aller mieux... pour le venger. Mon petit chéri n'avait rien demandé pour mériter tout ça ! Yoongi vient très souvent me voir. On joue aux cartes, on va faire des promenades dans le petit parc du centre, et plein d'autres choses. Il me fait des cadeaux, et me soutient pour m'aider à remonter la pente sans glisser. On parle très souvent de mon amoureux parti trop tôt, aussi. On se raconte des choses. C'est fou comme du jour au lendemain, ma vie a complètement chaviré. Il y a un an, je ne pensais pas que je me retrouverais dans un centre spécial, accompagnant des personnes en cas de détresse mentale. Parfois, c'est très compliqué, mais j'arrive à l'accepter. À accepter que je suis malade. Et que j'ai impérativement besoin de cette prise en charge complète pour aspirer à l'hypothétique bonheur qui m'attend dans l'avenir. Tout le tableau de ma vie a changé. Les couleurs ont délavé et je m'interdis de m'en rappeler. Je rejette l'ancien Taehyung. Il m'a fait croire que nous étions amis, alors qu'il n'était pas bien intentionné. Depuis le début, il était en guerre contre le couple que je formais avec Jungkook. Il dormait en moi, et un jour, il a fini par se réveiller. Pendant les nuits, j'essaye comme je peux d'éviter de multiplier mes soucis. J'ai si froid. Mes parents ne sont au courant de rien. Ils ne sont pas rentrés, et j'ai supplié Yoongi de ne pas les prévenir.