. N° 1 .

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Les voix graves s'accordaient à celles aiguës derrière le bar en bois chantant leur joie et vrillant les oreilles de la ville entière. Les cordes des violons vibraient, les tambours claquaient, l'acier des cuillères résonnaient dans les rues agitées. Tous à l'unisson récitaient ces chants marins à plein poumon, se stoppant quelques secondes prenant le temps de savourer leurs bières tout juste sorties du tonneau du tavernier.

Douce nuit mouvementée, enivrée des rires et des sourires. Hommes, femmes et enfants s'adonnaient corps et âmes aux festivités. Aucuns n'étaient épargnés par l'ambiance chaleureuse de la ville en fête, même Le Capitaine était sortie de sa tanière pour l'occasion accompagnée de son fidèle équipage.

Ce n'était pas tout les jours que ces légendaires marins posaient pied à terre. Sillonnant les mers de jour comme de nuit, sous la colère de Poséidon ou aussi calme puisse t-elle être, le Conquérant dominait l'étendue salée de toute sa splendeur. La géante structure en bois brut brillait comme un sous neuf, Le Capitaine y tenait, gare à celui qui éraflerait son magnifique navire. Seul les vagues de son vieil ami en avait l'autorisation, l'écume fouettant sauvagement la coque étant la plus belle des œuvres d'art à ses yeux.

Avachie sur son fauteuil en bois dans la vieille tanière de la ville, son regard calme balayait la mer d'un œil satisfait, encore une traversée concluante et une cale où roulait les pièces d'or au rythme des flots.

Son attention se tourna progressivement vers son équipage bien joyeux. Un soupir s'échappa de ses lèvres et ses doigts vinrent pincées l'arête de son nez et pour cause : les joues rougies par l'alcool, les sourires enivrés, les prunelles plongées dans le trouble du rhum, pas un seul moussaillon n'avait été épargnés par le délicieux alcool de la taverne.

- Capitaine venez donc vous joindre à nous, c'est la tournée du patron ! S'exclama l'une d'entre elles.

Seule réponse qu'elles eurent furent des yeux levés au ciel qui les firent glousser comme des adolescentes. Elle n'allait certainement se mêler à ce chahut pour finir allongée sur un lit au soleil levant aux côtés d'une inconnue avec un mal de crâne capable de réveiller un mort. Elle connaissait bien ses matelots, tout aussi bien qu'elles la connaissaient. Elle avait des points faibles, comme chaque humain normalement constitué, et ces vicieuses femmes savaient très bien comment les utiliser.

- Je suis entrain de rêver, Madame est enfin sortie de sa barque et nous bénit de sa présence ! Il ne fallait pas Ô ! Déesse des Mers ! Se moqua une vieille loque.

Un coup rapide et le petit malin était parti dormir jusqu'au lendemain. Capitaine se pencha à son oreille :

- En espérant que cela suffira à faire tourner ta cervelle dans le bon sens. Avec un peu de chance je t'ai même réaligné les dents, ne me remercie pas, souffla t-elle.

Susceptible, elle l'était, un égo surdimensionné, certainement, le sang chaud ? Elle ne s'appellerait pas Capitaine si cela n'était pas une partie intégrante de sa personne.

Mesdames et Messieurs, la femme la plus connue et reconnue de son temps pour avoir braver les interdits et former le premier équipage féminin du monde marin : Capitaine Lawson à la tête du navire Victoire.

Si nombreuses avaient été les moqueries, le chemin n'avait pas été simple; se faire une place entre les hommes gonflés d'égo et machiste au possible, Capitaine et son équipage avaient su le faire ensemble et regardaient maintenant fièrement ces moins que rien ramper au sol ramassant leurs restes.

Elles dominaient à présent l'étendue salée au point de se faire surnommer les Sirènes : dangereusement envoutantes et terriblement craintes, de vraies monstres marins.

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Pas vraiment satisfaite de la fin mais le reste était trop bien à mon goût pour être abandonné dans le fin fond de mes Brouillons.

Vous en avez pensez quoi ?

Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant