Juste une danse ║drarry

Chapitre 16

Harry poussa une lourde porte grise, qui menait à une petite salle austère. Dans la pièce, il y avait deux femmes, dont une derrière un bureau, les cheveux bien tirés en arrière et un air sévère sur ses traits fins. Le cœur de Harry se serra quand elle l'invita à prendre place d'un hochement de tête. Il se serra un peu plus quand il s'assit inconfortablement sur une étroite chaise en plastique. Et encore un peu plus quand l'autre femme qui attendait lui fit un sourire triste, rempli de regrets et de soutien.

Il ne voulait pas tout ça. Il ne l'avais jamais voulu. Pourquoi n'avait-il pas été prudent avec Drago ?! Il se battait contre les larmes qui lui montaient aux yeux, quand la femme assise à ses côtés se tourna vers lui, et murmura d'une voix rauque :

-Pas de chance, pas vrai mon gars ?

Surpris, il ne sût quoi répondre. La femme avait des cheveux blonds cendrés, ornés de plusieurs mèches blanches, mais qui semblaient parfaitement à leur place. Elle avait un regard clair et un peu éteint.

-Moi, c'est Tiana. Toi ?

-Harry, répondit-il simplement, toujours étonné que quelqu'un lui parle dans ces circonstances.

-C'est la première fois, pas vrai Harry ?

Il hocha lentement la tête.

-J'espère pour toi que ce sera aussi la dernière.

-J'espère aussi. Ce n'est pas la première fois, pour vous ? demanda timidement le jeune homme aux cheveux sombres.

Tiana gloussa comme une adolescente.

-Oh, non ! Je ne suis pas prudente. Et puis... je n'ai pas trop le choix, c'est le client qui décide de la sécurité.

-Le... le client ?

-Ben, oui, soupira-y-elle en haussant les épaules, l'air résignée. Tu sais, quand on fait mon travail, on n'a pas beaucoup de choix.

-Quel est votre métier ? Si ce n'est pas indiscret...

-Ça l'est, mais je vais quand même te répondre. Je fais le plus vieux métier du monde. Celui où les hommes, les clients, ont tous les droits.

-Oh... Oh !

Harry venait de comprendre. Il regrettait maintenant d'avoir posé la question, mais Tiana ne semblait pas impactée.

-Bah, sois pas désolé. T'y peux rien. C'est la vie. La dure vie, mais la vie. Mais en tout cas, un homme ici c'est pas courant. Tu viens chercher ta belle ?

-Non... C'est pour moi.

Cette fois ci, ce fut la femme qui eut l'air désolée. Harry ne voulait pas de cette pitié dans le regard des gens. Il détourna juste ses yeux verts, et analysa le lieu avec un peu de malaise. La femme derrière le bureau regardait son téléphone, en prenant un air occupé et indisponible. Il y avait un bouquet de fleurs fanées à côté d'un petit bol avec des bonbons sûrement périmés, juste à côté d'elle. Il ne put continuer son observation plus longtemps, car Tiana prit de nouveau la parole, d'un ton lourd.

-C'est pas un âge, pour commencer à avorter. Tes parents t'ont pas éduqués, sur ta vie sexuelle ? Vous pouvez mettre un truc, toi et ton copain, un truc qui s'appelle un préservatif et qui empêcher de se retrouver dans ce genre d'endroit quand on a à peine vingt ans. J'espère aussi que tu as bien profité, sur le moment.

Harry prit un petit moment pour réfléchir, avant de lâcher :

-Je sais que c'est pas un âge. Ça doit être ce qu'on appelle la folie de la jeunesse. Il n'y a plus de moi et mon copain, il n'y a plus que moi. Mes parents sont morts quand j'avais un an, c'était compliqué pour eux de commencer mon éducation sexuelle si jeune. Et oui, j'ai bien profité.

Il fit un petit sourire rêveur et incontrôlé sur la dernière phrase. Tiana ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire.

-Madame Tiana Goldrum ?

Une voix grave venait de traverser l'air, et un homme attendait derrière une porte.

-Je suis infirmier. Je dois vous emmener voir le médecin, venez avec moi.

La femme aux cheveux blonds se leva et prit ses affaires, avant d'adresser à Harry un dernier sourire sensé être poli, mais qui lui disait d'être courageux, et lui témoignait son soutien.

Elle laissa le jeune homme seul dans la pièce, et il put sentir son inquiétude grandir à l'intérieur de lui. Est ce que tout allait bien se passer ? Il n'avait jamais dû mettre un terme à une grossesse, il n'avait pas la moindre idée de comment cela allait se dérouler. Il avait peur, et il se posait de nombreuses questions.

Il était déjà très mal à l'aise et triste d'être là, mais ses pensées se mirent à vagabonder vers Drago. Harry sentit que son cœur saignait à l'intérieur de sa poitrine, alors il tenta de détourner le chemin de ses réflexions. Mais quand on aimait quelqu'un aussi fort, c'était quasiment impossible d'arrêter de songer à lui. Après de longs instants d'attente, l'homme qui était venu chercher Tiana reparu par la même porte, et dit :

-Monsieur Harry Potter.

La secrétaire redressa la tête, intriguée d'entendre le prénom d'une des plus grande star de son époque. Ses yeux s'agrandirent quand elle vit le jeune homme se lever et entrer dans la pièce.

L'infirmier lui fit signe de s'asseoir sur une nouvelle chaise en plastique gris, et le médecin entra quelques minutes après. Il lut rapidement son dossier, pendant que Harry luttait pour ne pas s'effondrer, puis lui posa plusieurs questions, le prépara mentalement, lui dit de se déshabiller, et le fit entrer. Tout le reste fut flou pour lui, sous l'effet de la tristesse et de l'anesthésiant.

Les sorciers avaient beau soigner les blessures magiques par la magie, tout ce qu'on pouvait faire de manière plus classique était préférable.

Harry se réveilla un peu plus tard, avec une sensation de vide et de froid. Il se mit à pleurer doucement, n'en pouvant plus de retenir ses larmes. Après les derniers contrôles, il put rentrer chez lui.

Il se sentait tellement seul, tellement mal. Il aurait voulu dire à Drago de rappliquer, mais il avait choisi de ne pas l'accompagner dans cette épreuve, et Harry ne voulait pas lui montrer sa douleur. La seule personne à qui il pouvait parler, c'était sa meilleure amie, Hermione. Mais il avait peur de la blesser, car elle avait perdu un enfant désiré, et lui venait d'avorter. Il était trop perdu, trop blessé pour ce genre de considération, alors attrapa son téléphone, et envoya un message à son amie.

Harry : mione, j'ai besoin de toi. viens vite à la maison

La jeune fille arriva rapidement, inquiète.

-Qu'est ce qu'il se passe, Harry ? Pourquoi tu as besoin de moi ?

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, et observa l'appartement de son ami qui était entièrement plongé dans le noir, à part le salon dans lequel il était. Harry avait peur du noir, en temps normal la lumière aurait toujours été allumée. Des larmes silencieuses coulaient sur son visage, et il avait l'air tellement perdu, qu'elle comprit presque immédiatement.

-C'est quelque chose avec Drago ? Qu'est ce qu'il a fait ?

Son visage exprimait tant de sollicitude, que le cœur de Harry se fissura un peu plus. Ses traits se tordirent, tandis qu'il essayait de retenir un peu ses larmes. Hermione s'assit à côté de lui, et le serra dans ses bras.

-Tu veux me dire ce qu'il s'est passé ?

-Je... je suis allé avorter... aujourd'hui.

Les yeux de la jeune fille s'arrondirent en signe de surprise. Elle le dévisagea en silence, avant de le serrer un peu plus fort dans ses bras.

-Attends, attends... Explique moi tout depuis le début.

Alors Harry raconta tout ce qui lui était arrivé, à partir du moment où il s'était rendu compte qu'il attendait l'enfant de Drago, jusqu'à ce qu'il envoie son message à Hermione. Son amie ne dit rien, ni pour défendre le blond, ni pour supporter le jeune homme aux cheveux sombres. C'était exactement ce dont il avait besoin, alors il se contenta de pleurer sur son épaule.

Pleurer pour son couple qui s'était une fois de plus détruit, pour cet enfant qui ne naîtrait jamais, pour son cœur qui saignait.